Méditation du 33e dimanche ordinaire : « j’ai eu peur ! »
Chers Frères et Sœurs,
Nous connaissons tous la parabole dite des talents, qui nous raconte comment un maitre de maison distribue à ses serviteurs différentes parts de sa fortune pour que ceux-ci puissent les fructifier. C’est cette parabole qui est proposée à notre méditation en ce dimanche. Quel enseignement pouvons-nous en tirer pour notre vie aujourd’hui ?
Une phrase peut servir de point de départ à notre méditation de cet évangile : « j’ai eu peur ! ». Le serviteur qui a enfui son unique talent a eu peur de son maitre dont il a l’image d’un « homme dur » … Et pourtant l’attitude du maitre à l’égard de ses serviteurs laisse supposer le contraire : il n’hésite pas à leur confier son trésor, sa fortune, en tenant bien compte des capacités de chacun. Nous sommes donc en présence d’un maitre très prévenant, connaissant bien ses serviteurs et prêt à les associer à ses affaires. N’est-ce pas là l’image de Dieu qu’ont tous ceux qui croisent le regard de Jésus venu nous révéler son Père plein d’amour et de miséricorde ? Le serviteur infidèle ne connait décidément pas son maitre ! Recroquevillé et enseveli dans sa peur, il enfouit par le fait même le règne de Dieu sous terre ; il l’enterre et en fait une œuvre stérile.
À chacun de nous de se poser la question de son attitude pour l’avènement du Royaume de Dieu, alors que nous nous préparons à fêter, le dimanche prochain, le Christ-Roi de l’univers. De quel royaume sommes-nous des serviteurs ? Vivons-nous dans la peur devant Dieu ? La peur conduit inévitablement à une stérilité spirituelle ; la peur nous fait enfouir les dons de l’Esprit destinés à nous rendre capables de participer à l’œuvre de Dieu.
Ne confondons donc pas la peur et la crainte de Dieu, dont il est fait l’éloge dans la première lecture. La peur est un instinct de conservation, une réaction face à une menace contre notre vie. La peur nous enferme en nous-mêmes, et nous fait oublier que nous devons nous confier d’abord à la miséricorde divine.
La crainte, quant à elle, est un composant de la foi : elle nait de la prise de conscience de ce qu’est Dieu pour nous : de sa grandeur et de sa miséricorde. C’est l’étonnement, l’émerveillement mêlé d’admiration devant de ce que fait le Seigneur et qui nous donne de répondre par amour à son immense amour. C’est ce qu’ont compris les deux premiers serviteurs qui ont pris le risque de fructifier les dons de leur maitre, puisqu’il leur a manifesté tant de confiance. Là où il y a la confiance, là où il y a crainte de Dieu, il n’y a pas place pour la peur, sachant que le Christ est mort une fois pour toutes pour nous.
Nous comprenons donc pourquoi, dans la première lecture de ce dimanche, la crainte du Seigneur est considérée comme l’unique critère de la femme parfaite, c’est-à-dire le modèle de notre rapport avec Dieu : c’est la crainte du Seigneur qui fait notre vraie valeur devant Dieu, et donne sa vraie saveur à notre vie chrétienne.
Plus la crainte de Dieu diminue, plus la peur des hommes augmente. Si donc, aujourd’hui, notre monde est habité par l’angoisse, fille ainée de la peur, c’est parce qu’on y a évacué la crainte de Dieu. « Heureux qui craint le Seigneur ! », nous dit le psaume de ce jour. Les deux disciples bons et fidèles de la parabole l’ont compris, eux qui ont mis leur bonheur à prendre le risque pour la croissance du Royaume. Demandons, nous aussi, la grâce de la sainte crainte du Seigneur, qui produit une grande liberté intérieure et engage à tout risquer pour que la vie de Dieu resplendisse dans notre monde. AMEN !
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