Tempête Eta: témoignage d’un missionnaire au Guatemala
Entretien réalisé par Benedetta Capelli – Cité du Vatican
La tempête a balayé le Honduras, le Nicaragua, le Belize, une partie du Mexique et même l’île de Cuba, semant la désolation sur son passage. Mais c’est le Guatemala qui semble avoir été le plus touché, avec 150 disparus. Le village indigène de Quejá a été totalement englouti par la boue, les secouristes cherchent encore des survivants. «Tragédie dans la tragédie», rapporte l’agence Fides, un petit avion parti de la capitale pour amener de l’aide à Alta Verapaz, s'est écrasé immédiatement après son décollage. Le pilote est mort et les restes de son véhicule sont tombés aux alentours de la Nonciature.
Dans un message, les évêques du Guatemala ont appelé à la solidarité et à la proximité avec les pays touchés, en s’inspirant du Bon Samaritain.
Dimanche 8 novembre, le Pape François s’est également soucié du sort des victimes: «Que le Seigneur accueille les défunts, réconforte leurs familles et soutienne ceux qui sont les plus touchés, ainsi que tous ceux qui travaillent dur pour les aider», a-t-il déclaré, à l’issue de la prière de l’angélus.
Témoignage du père Vittorio Castagna. Il vit depuis dix ans à Alta Verapaz dans le nord du Guatemala où il accompagne avec d’autres salésiens les Q’eqchi, une population indigènes. Il revient sur les pensées du Pape.
R. - Les paroles du Pape ont vraiment touché nos cœurs, même le peuple guatémaltèque est heureux d'avoir pu entendre qu'il a prié pour eux. La situation est difficile car nous sommes toujours à la recherche de personnes disparues. Nous avons aussi des histoires de souffrance que nous connaissons bien : un de nos élèves qui vit dans notre école au Centre Don Bosco a perdu toute sa famille, ses grands-parents, ses oncles, ses parents, ses frères et sœurs, et a été laissé complètement seul. Une histoire comme celle-ci touche le cœur et donc la prière du Pape donnera sûrement de la force à ces personnes qui pourront surmonter un moment aussi difficile, non seulement à cause du coronavirus, mais aussi à cause de cette catastrophe naturelle. Une fois de plus, ces personnes ont été touchées, mais je suis sûr qu'elles vont se relever car les Mayas Q'eqchi et toutes les autres populations mayas sont fortes et elles pourront se relever et reprendre leur vie.
Quelle est la situation et comment vivez-vous actuellement ?
R. - La situation actuelle est vraiment difficile. Notre paroisse de 200 000 habitants traverse une très grande épreuve. Nous n'avons pas de nouvelles des villages les plus éloignés mais nous ferons tout notre possible pour nous y rendre au plus vite. Ici, les inondations ont été très, très fortes, et les gens n'ont été sauvés que s'ils étaient atteignables par hélicoptère. Notre paroisse de Campur était totalement submergée par l'eau, d’ailleurs le curé a dû quitter la paroisse et se rendre dans un village voisin, plus sûr. Pour l'instant, le tableau n'est pas très clair. Ce que nous constatons est que le nombre de personnes fortement touchées par cet ouragan est en augmentation. En tant qu'église, nous étudions des solutions pour pouvoir les aider et répondre aux besoins de la population.
Que faites-vous concrètement ?
R. - La réponse de l'Église a été immédiate. Nous avons tout de suite ouvert nos salles paroissiales à toutes les personnes sans abri, en assurant le service de la cantine, en fournissant des vêtements, ou tout ce dont les gens ont besoin. Outre l’urgence, nous pensons à la reconstruction, en accord avec les autorités. En tant qu'Église, nous avons été les ‘maîtres de la charité’, c’est-à-dire, les premiers à aller sur le terrain et les premiers à sécher les larmes, ces larmes qui sont indescriptibles; des larmes que vous voyez dans les yeux des personnes seules et qui se sentent perdues; les larmes des enfants touchent vraiment votre cœur et vous laisse sans mots.
Quel est l'engagement de la mission salésienne ?
R. - Je vis parmi un peuple maya. Notre paroisse est missionnaire. Nous sommes huit prêtres qui visitons un territoire de mille kilomètres carrés avec environ 350 villages. Nous gérons des établissements d'enseignement, de la maternelle à l'université, dans différents endroits. Ils accueillent environ 5 000 élèves. L'objectif est de former de bons chrétiens et d'honnêtes citoyens. Notre histoire de présence missionnaire a environ 80 ans, nous sommes donc dans une phase initiale d'évangélisation, et notre principal effort est précisément d'annoncer le Seigneur avec un témoignage personnel, et surtout avec la proximité d'une église qui, dans ces banlieues, est vivante, est une église présente, attentive aux besoins des gens.
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