Argentine : l’Église mobilisée contre la légalisation de l'IVG
En Argentine, des milliers de personnes sont attendues ce mardi devant le Parlement pour manifester leur opposition ou leur adhésion au projet de loi. Une polarisation de la société qui reflète celle des élus. Le 11 décembre dernier, après vingt heures de débat, le texte légalisant l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse a été adopté par les députés avec seulement 14 voix d’avance.
Au Sénat, «le vote ne se déroulera pas aussi bien pour ceux qui soutiennent l'avortement, mais nous devons cependant compter avec une très forte pression des lobbies», remarquait il y a quelques jours sur nos ondes Mgr Alberto Bochatey, le président de la Commission Santé de la conférence épiscopale d'Argentine, évêque auxiliaire de La Plata et membre de l'Académie pontificale pour la Vie.
Le Sénat est composé de représentants des provinces, au profil plus conservateur. Il y a deux ans, durant la présidence de Mauricio Macri, il avait rejeté un texte proposant déjà une réforme de la loi de 1921, permettant l’avortement uniquement en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. Alors, les 31 voix en faveur de l’IVG sur 72 exprimées avait été minoritaires.
Lors de ce nouveau vote, le rôle de Cristina Fernández de Kirchner pourrait être déterminant. En tant que présidente du Sénat, elle pourrait être amenée à se prononcer en cas d’égalité des suffrages. Jusqu'à présent, l'ancienne chef de l'État et actuelle vice-présidente du pays a exprimé son opposition à cette loi.
Prière à la Vierge pour qu'elle intercède auprès des législateurs
Samedi, au nom des évêques argentins rassemblés dans le sanctuaire marial de Lujan, à 60km de Buenos Aires pour célébrer Noël et marquer la fin de l’année, Mgr Oscar V. Ojea, évêque de San Isidro et président de la Conférence épiscopale argentine, a exprimé leur douleur face à ce projet de loi, demandant à la Vierge Marie d'éclairer les sénateurs et de «provoquer une réflexion dans leur cœur et leur esprit», eux «qui devront se prononcer sur une question si délicate».
Les évêques ont appelé à une journée de jeûne et de prière ce lundi 28 décembre, jour des Saints Innocents. Le 8 décembre dernier, en la Solennité de l'Immaculée Conception, des prières avaient été dites lors de toutes les messes pour la sauvegarde de la vie naissante.
La Nativité fait penser «à la dignité de chaque vie et rappelle la valeur de toute personnes humaine» a également souligné l’épiscopat argentin dans son message de Noël, dénonçant une nouvelle fois la réponse des politiques à la crise que traverse le pays. Confronté à la pandémie de Covid-19 sur fond de problématiques économiques majeures marquées par des taux de pauvreté, de chômage ou de violences domestiques conséquents, les évêques critiquent cette loi qui prétend agir au nom des pauvres mais qui n’est pas « une source d’espérance pour ceux qui attendent une meilleure année». Ils dénoncent «l’obsession fébrile» des politiques pour faire adopter cette loi comme si cela avait quelque chose à voir avec les craintes de la plupart des Argentins. Ils leur reprochent de s’en prendre aux plus vulnérables que sont les enfants à naître.
Une loi hypocrite qui n'est pas pour les pauvres
Sur nos ondes, Mgr Alberto Bochatey a expliqué que cette loi n’était pas pour les pauvres qui ont toujours été ouverts à la procréation, mais «allait à la rencontre de l’esprit bourgeois qui rejette les responsabilités». Il jugeait important de travailler sur le front de l’éducation, de la culture et de la responsabilité des jeunes et des hommes, regrettant qu’aucune loi ne fasse mention de leur rôle alors que «ce sont eux qui mettent des femmes enceintes».
Mrg Bochatey rappellait enfin les propos du Pape qui affirmait dans une lettre adressée à d’anciens élèves argentins fin novembre, que «le problème de l'avortement n'est pas avant tout une question de religion, mais une question d'éthique humaine». Le Saint-Père y réitérait l'importance de protéger la vie contre les tentatives de légalisation de la pratique de l'avortement en Argentine.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici