Durant l'Avent, retrouver l'enthousiasme et la confiance de l'enfance
Entretien réalisé par Delphine Allaire – Cité du Vatican
Émerveillement, gratuité, abandon et confiance totale à Dieu, voilà quelques vertus de l’enfance dont la foi peut s’enrichir. Redonner à l’humanité la dignité d’enfant de Dieu, c’est aussi la mission du Christ en personne, qui considère l’esprit d’enfance comme condition du salut. «Si vous ne changez pas et ne devenez pas comme les enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux» (Mt 18,3), dit l’Évangile selon saint Matthieu.
L’enfance spirituelle, première étape donc pour imiter le Christ. Nombreuses sont ainsi les figures bibliques et les saints à avoir su retrouver cet enfant intérieur, d’Abraham à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Comment profiter de ce temps de l’Avent pour renouer avec les beautés de l’enfance? L’éclairage du père Rémi de Maindreville, ancien rédacteur en chef de la revue Christus.
Comment définir l’enfance spirituelle?
L’Avent, c’est l’avènement de Dieu parmi nous, ce qui est déjà très étonnant. Ce Dieu ne vient pas dans la figure d’une puissance telle qu’on peut l’imaginer, mais il s’incarne dans un nouveau-né, attendu par une femme, par un couple, et qui naît dans des conditions que l’on connaît, de pauvreté, d’écart par rapport à la foule. Pour nous, cela veut dire qu’il y a tout un chemin à faire, comme l’a fait Abraham, vers l’enfant qui est en nous. Vers cet enfant qui cherche la confiance totale d’un Dieu qui est Père. Les vertus de cet enfant sont l’émerveillement, la confiance… Dans la Bible aussi, l’enfant renvoie aux écrits sapientaux, à la Sagesse souvent présentée comme cette petite fille, représentant l’âme de chacun, et qui prend plaisir à jouer parmi les enfants des hommes.
Le jeu est résolument une autre vertu de l’enfance; cet écart qui donne de la liberté, l’on peut tâtonner, chercher, combiner pour trouver des solutions face à la vie comme un enfant devant son jeu, qui découvre, teste, il en est ainsi dans la vie spirituelle.
Ces retrouvailles avec l’enfant intérieur en chacun de nous, sont-elles la condition de notre salut?
On le voit dès Abraham. Il fait ce chemin vers l’enfance qui est en lui. Or c’est un homme âgé, sa femme est âgée, ils n’ont pas d’enfant. Il faut qu’ils redécouvrent l’enfant qui est en eux pour accueillir l’enfant qui leur est donné et assurera leur prospérité. C’est accepter d’abandonner un certain nombre de certitudes, sortir d’un chemin tout fait. Le petit enfant, c’est aussi celui de l’apocalypse, qui frappe à la porte. L’enfant fait confiance, il ne se pose pas la question de savoir là où il doit être. C’est une naissance à la douceur, à la non-violence, qui n’est pas forcément d’ailleurs une vertu de l’enfance. Il peut être très ouvert et coopératif, mais aussi très jaloux de ce qui est à lui, de ses jouets. Donner son jouet, ce n’est pas si évident mais c’est exigeant, c’est une première victoire de l’amour.
L’enfance dans le christianisme, c’est aussi une certaine vision imagée du paradis, ou encore la crèche, qui nous ramène à cette période. Pourquoi mettre en avant tout cet esprit?
Cela rend vivant, présent, actuel. La crèche, invention du Moyen-Âge, évoque la venue permanente de notre salut sous la forme d’un enfant, que nous avons à laisser advenir en nous. La crèche en fait mémoire. Outre Marie, Joseph et l’Enfant-Jésus, c’est tout un décor, un village, un paysage, des animaux. Autrefois, l’on faisait des jeux avec la crèche, avançant son mouton ou cheval selon les efforts accomplis pour ressembler de plus en plus au Christ.
L’enfance spirituelle a été théorisée par Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qu’a-t-elle apporté comme réflexion supplémentaire?
L’enthousiasme, et choisir Dieu. Elle dit «Je veux tout». Elle n’a pas de modération, son choix est total. L’autre fait marquant, ce sont ses doutes. Lorsqu’elle ne sait plus où elle va, elle le vit totalement avec le Christ dans la Passion, dans son entièreté. L’entièreté pourrait aussi être trait de l’enfance. Retrouver cette enfance spirituelle est une manière de nous diviniser. Plus l’enfant grandit en nous, plus le Christ grandit en nous.
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