Le Pape François et le Patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, au Vatican le 20 mars 2019. Le Pape François et le Patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, au Vatican le 20 mars 2019.  

Bartholomée: Noël est un acte de résistance aujourd’hui

Dans un message de Noël paru le 24 décembre (deux semaines avant la célébration de cette fête selon le calendrier orthodoxe), le Patriarche orthodoxe de Constantinople, Bartholomée, rappelle le sens de la Nativité, jour où l’on honore «le mystère de tous les temps de la Divine Incarnation».

«En compagnie de la Sainte Vierge, qui vient donner naissance d'une manière indicible au Logos prééternel, et en contemplant Bethléem qui se prépare à accueillir l'Enfant divin, nous voici de nouveau à Noël, pleins de sentiments de gratitude envers le Dieu de l'amour», commence le Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, dans son message de Noël 2020 publié ce 24 décembre.  

Un voyage vers la grande fête de la naissance du Sauveur du monde différent cette année: la vie ecclésiastique, la participation des fidèles et la sollicitude pastorale subiront les conséquences des restrictions sanitaires liées à la Covid-19. «Tout cela, cependant, n'affecte pas la relation la plus intime du peuple chrétien avec le Christ, sa foi en Sa Providence et son dévouement ‘’à la seule chose dont on a besoin’’», note Bartholomée.

Refuser consommation et mondanité

Dans des accents proches de ceux exprimés par le Pape François ces derniers jours, le Patriarche orthodoxe se montre sévère sur le dévoiement que subi Noël à notre époque: «Dans les sociétés sécularisées, Noël a perdu sa couleur, on en a fait la fête de la consommation ostentatoire et de la mondanité, sans se douter qu'en ce jour saint, on honore le ‘’mystère de tous les temps’’ de la Divine Incarnation.» Selon Bartholomée, l'authentique célébration chrétienne de Noël aujourd'hui constitue donc aujourd’hui «un acte de résistance à la sécularisation de la vie et à l'affaiblissement ou à la mort de la conscience du mystère».

Celui qui était, est et sera

Dans l'incarnation du Logos, se sont révélés le contenu, le but et l'objectif de l'existence humaine, poursuit le Patriarche de Constantinople. «Le Dieu plus que parfait existe, en tant qu'homme parfait, afin que nous puissions exister, nous, à la manière de Dieu». «Car Dieu s'est fait homme, pour que nous devenions des dieux.» Et c'est là le plus grand honneur pour l'homme, qui donne à son existence une valeur inégalée, ajoute Bartholomée Ier, rappelant comment devant Dieu, «il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme, car vous êtes tous un dans le Christ Jésus» (Saint Paul). C'est donc un renversement décisif dans le domaine de l'anthropologie, dans la hiérarchie des valeurs, dans la prise en compte des principes moraux. «Depuis lors, quiconque touche l'homme se retourne contre Dieu, prévient le Patriarche de Constantinople,  il n'y a rien d'aussi sacré que l'homme, à qui Dieu a fait partager la nature.» 

 

«Noël est toute la vie divino-humaine de l'Église, dans laquelle le Christ vit continuellement comme Celui qui était, est et sera», en déduit Bartholomée.

Les limites de l’homme-dieu contemporain

En effet, au milieu de nombreuses afflictions, la voix mélodieuse de «l'ange du Seigneur» résonne aujourd'hui, «proclamant une grande joie, ...à tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, le Christ Seigneur». Et le Patriarche de Constantinople de lancer un appel à «un Noël priant» pour nos frères et sœurs qui sont en danger ou malades. «Admirons l'abnégation des médecins et des infirmières et de tous ceux qui aident à faire face à la pandémie. Réjouissons-nous que le malade soit approché par eux comme une personne sacrée et non transformé en un numéro, un cas, un objet, une unité biologique impersonnelle», relève-t-il.

Pour Bartholomée, cette pandémie aura en tout cas résolument révélé «les limites de l’"homme-dieu" contemporain et démontré la puissance de la solidarité». Dans l'Église, affirme-t-il, l'homme est complètement renouvelé, il n'est pas simplement «aidé», mais il «devient vrai», il vit son destin divin. Et le Patriarche de conclure que pour nous, chrétiens, «c'est par la volonté et non par l'imposition qu'existe le mystère du salut». «La vérité de la liberté dans le Christ est prouvée par la croix, qui est le chemin de la Résurrection.»

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24 décembre 2020, 15:00