Les chefs religieux libanais aux politiques: «le peuple ne pardonnera pas»
Le ton du message des chefs religieux chrétiens et musulmans est grave, à la mesure de la situation avec laquelle se débat le pays du Cèdre. Celle-ci exige un réveil, surtout de la classe politique dont les atermoiements, les luttes de pouvoir et les vetos croisés paralysent les institutions depuis des mois.
Aussi, patriarches, dont le cardinal maronite Béchara Raï, et dignitaires musulmans appellent sévèrement les élites à arrêter de «se jouer du destin de la nation» mais plutôt de renouveler leur engagement envers l’identité libanaise et de former un «gouvernement de salut national» qui surmonte les intérêts particuliers et les chantages stériles. En somme, les politiques sont sommés de respecter la Constitution de leur pays et les accords de Taëf, lesquels maintiennent «les oppositions entre les alliances dans les limites d’une dialectique politique saine et légitime».
Faute d’un sursaut, cette crise multiforme sera fatale au Liban, mettent en garde les responsables religieux. Car il ne s’agit pas seulement d’une urgence politique: les problèmes que traverse le pays levantin plongent leurs racines dans une «grave crise morale». Et le message de conclure sentencieusement: «le peuple ne pardonnera pas. L’Histoire n’oubliera pas».
Depuis plusieurs jours, à Tripoli, l’une des régions les plus pauvres du Liban, des habitants protestent en masse contre la gestion de la pandémie, jugée chaotique, et les mesures strictes de confinement. Jeudi soir, de violents affrontements ont opposé forces de sécurité et manifestants, qui ont ciblé des maisons de responsables politiques et incendié la mairie.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici