90 ans de Radio Vatican: être «auteurs de vérité» pour les peuples éprouvés
Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
«Dans le monde des moyens de communication, il ne manque pas non plus, comme nous le savons, de voix discordantes... Il est d'autant plus important qu'existe cette voix, qui veut réellement se mettre au service de la vérité, du Christ, et se mettre ainsi au service de la paix et de la réconciliation dans le monde». Ainsi Benoît XVI encourageait-il les collaborateurs de Radio Vatican le 3 mars 2006, lors d’une visite à l’occasion du 75e anniversaire de la station.
Des mots qui se sont incarnés au cours des quinze années suivantes, notamment lorsqu’il s’est agi de suivre l’actualité de pays en guerre, comme la Syrie. Depuis le début du conflit en 2011, Radio Vatican suit de près ce que vit la population, en s’appuyant sur le témoignage de personnes sur place, parmi lesquelles le frère Georges Sabé. Ce religieux mariste est à Alep depuis 2012, où il est aussi membre des Maristes bleus, association créée en 2012 pour aider la population, et qui continue son activité aujourd’hui.
Nous lui avons donné la parole une quinzaine de fois depuis 2014, à l’occasion de Noël, d’un énième soubresaut politique ou d’attaques menées contre la population, mais aussi lorsque semblait poindre une lueur d’espoir…
Frère Georges est aussi un auditeur qui apprécie l’écoute de nos programmes le soir. Un rendez-vous qui lui permet d’être «en communion avec l’Église universelle, dans une situation où l’on a parfois l’impression d’être loin de tout ce qui se passe dans l’Église». Dans les décombres d’une ville assiégée durant quatre ans, la radio fut un lien précieux avec le reste du monde.
Pour moi, c’est avant tout une communion avec le Saint-Père. Je considère que Radio Vatican nous apporte la parole du Saint-Père, et pour moi, cette parole que je lis et que j’entends m’aide à avancer, à réfléchir, à partager. Je voudrais aussi dire que la radio est pour moi un moyen de communier avec les différentes Églises, les différents diocèses du monde dans ce qu’ils vivent. En troisième lieu, la radio a été une plateforme, qui m’a permis, en tant que consacré et engagé au service de la population syrienne pendant la guerre, à contribuer à ce que le monde entier sache comment nous sommes en train de vivre, et dans quelle situation nous nous trouvions, car ce n’est pas facile d’avoir accès à des plateformes de communication quand on est dans un pays en guerre et dans une situation de sanctions. C’est cette vérité que vous apportez, [et] cette mission de dire la vérité est importante.
Dans le contexte dans lequel vous vivez, est-ce que la radio peut constituer une force pour la paix et la fraternité?
C’est sûr, c’est sûr. Vous pouvez être notre porte-parole. Vous imaginez que vous nous donnez cette chance d’avoir accès à un auditoire dans le monde qui puisse écouter la vérité, la réalité. Je crois qu’une des missions de radio Vatican est la construction de cette paix à travers le monde, de relier les gens ensemble, et de donner une communion entre les peuples, les civilisations, les cultures, et les réalités, mais dans la vérité. Quand vous m’appelez, comme d’autres personnes que vous contactez, nous vous donnons notre réalité, ce n’est pas une réalité manipulée, ce n’est pas une réalité qui vient de derrière un bureau, c’est une réalité sur le terrain, et ça c’est extraordinaire.
Servir la vérité, c’est donc la mission que vous attribuez à la radio aujourd’hui?
Oui, pour moi, aujourd’hui, la mission principale, c’est servir la vérité et la réalité. Je crois que c’est l’appel que nous, population dans le monde, attendons de Radio Vatican. Nous attendons aussi que vous nous aidiez à prier. Parfois ce n’est pas facile de prier dans des situations de guerre ou d’isolement, dans des situations sociales très difficiles. Vous nous aidez aussi à prier, et dans cette prière il y a les intentions du Saint-Père, mais il y a aussi les intentions du monde. C’est une mission que vous [devez vivre] en tant que radio.
Frère Georges, quel message aimeriez-vous faire passer à l’occasion de cet anniversaire?
J’aimerais avant tout, à travers Radio Vatican, remercier le Saint-Père qui pense à nous, et remercier toutes les personnes qui travaillent dans la radio, car vous êtes des auteurs de vérité, vous êtes des auteurs de rencontre. C’est une chance dans ce monde, et dans la réalité dans laquelle nous vivons.
Nous vivons sous sanctions, nous avons par exemple deux heures uniquement d’électricité par jour. Nous manquons complètement de fioul. La vie devient beaucoup trop chère, énormément chère, avec une dévaluation de la monnaie locale. L’horizon n’est pas facile, et parfois on se demande [ce que signifie] continuer à espérer quand tout dégringole, quand tout tombe, et qu’on ne voit pas d’horizon ou bien même une petite lueur. Malgré cela, nous continuons le chemin.
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