Les malades du cancer, victimes collatérales de la pandémie
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
Ce jeudi 11 février, en la fête de Notre-Dame de Lourdes, l'Eglise célèbre la Journée Mondiale du malade. Instituée en 1992 par le Pape Jean-Paul II, elle est une occasion de rappeler que l’accompagnement des personnes souffrantes est une priorité évangélique. «Vous n’avez qu’un seul maître et vous êtes tous frères (Mt 23, 8). La relation de confiance à la base du soin des malades» est le thème du message du Pape François pour cette 29ème Journée.
Dans ce texte, le Saint-Père se dit proche de toutes les personnes qui, dans le monde entier, souffrent des effets de la pandémie de coronavirus. Parmi elles, des victimes indirectes: les malades du cancer. En 2020, quelque 19,3 millions de nouveaux cas de cancers ont été diagnostiqués et le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) a enregistré 10 millions de décès. Certaines associations de lutte contre le cancer redoutent une augmentation des décès, ces prochaines années, liés à des diagnostics tardifs, en raison du coronavirus.
Un dépistage retardé en raison de la pandémie
À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, le 4 février dernier, l'Organisation mondiale de la Santé estimait que l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le traitement du cancer était «catastrophique». Certains pays, a indiqué l’OMS dans un communiqué, ont connu des pénuries de médicaments anticancéreux, et «beaucoup ont vu une baisse significative des nouveaux diagnostics, même dans les pays les plus riches».
Un constat partagé par Jérôme Oudart, délégué de Lourdes Cancer Espérance, à Paris. Les malades vivent depuis un an une période extrêmement difficile, observe t-il. «Il y a une crainte de se rendre à l’hôpital ou dans un cabinet médical par peur d’attraper la Covid 19». Et «de nombreux malades renoncent à se faire soigner ayant le sentiment de gêner alors que le personnel médical est débordé». Jérôme Oudart dit ainsi craindre une surmortalité dans les prochaines années et rappelle l’importance de ne pas reporter «le passage à l’acte», d’aller se faire soigner sans attendre «des jours meilleurs».
Le confinement, source de désarroi
La pandémie est lourde de conséquences sur le plan physique mais plus encore sur le plan psychique, relève le délégué de Lourdes Cancer Espérance, à Paris qui dit avoir été profondément marqué l’année dernière, lors du premier confinement, par «une véritable détresse, un désarroi», liés à l’isolement, en particulier dans les Ehpad. «Un malade a besoin de pouvoir donner la main à quelqu’un qui va lui transmettre un peu de vie à travers un contact physique. Ce désarroi psychologique, que l’on observe aujourd’hui également chez les plus jeunes, laissera beaucoup de traces».
Pour rompre l’isolement des malades et de leur famille, Lourdes Cancer Espérance a mis en place, depuis 1985, plusieurs initiatives. Le temps fort de l’association est le rassemblement annuel de septembre, à Lourdes. Il a dû être annulé l’année dernière mais un pèlerinage virtuel, rythmé par des temps de prière et d’échanges, a été organisé. Par ailleurs, «une chaine de solidarité», s’est créée qui consiste à établir ou maintenir un lien avec les personnes isolées à travers des visites, des appels téléphoniques quotidiens, et l’attention aux familles.
Dialogue, contact et prière pour établir un lien privilégié
Lourdes Cancer Espérance partage également avec les personnes malades des moments de prière. «Tous les malades que nous accompagnons sont animés par une foi qui m’émerveille», confie Jérôme Oudart. «Il n’y a pas de plaintes de gémissements» et face aux épreuves qu’impose la maladie «s’il n’y avait pas la foi ce serait très difficile», reconnait-il.
Pour qu’un accompagnement soit possible, il est important de créer une relation de confiance entre le malade et la personne soignante ou aidante, souligne le délégué de Lourdes Cancer Espérance. Les membres de l’association s’y emploient. Ils établissent un lien privilégié grâce «au contact, au dialogue, à la solidarité, à l’amour et à la prière» pour que les malades ne se sentent jamais seuls.
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