Nigeria: l'incompréhension du cardinal Onaiyekan face aux rapts d'enfants
Entretien réalisé par Amedeo Lomonaco – Cité du Vatican
Libération au Nigeria de 42 personnes dont 27 enfants et trois professeurs d’un collège de Kagara, kidnappés il y a 10 jours, de nuit, dans leur établissement scolaire dans le centre-ouest du pays. Les ravisseurs sont considérés par le gouvernement comme des «bandits», des hommes armés qui exigent une rançon contre la libération de jeunes ; de l’argent que, officiellement, les autorités refusent toujours de payer.
Les enlèvements d’enfants contre rançon semblent devenir un modus operandi de plus en plus pratiqué dans le pays. Le 26 février dernier, 317 jeunes filles ont été kidnappées dans le nord du pays, à l'école secondaire de filles du gouvernement de Jangebe, dans l'État de Zamfara, ce qui constitue la troisième attaque d'école au Nigeria en moins de trois mois.
Le cardinal John Onaiyekan, archevêque émérite d’Abuja, ne comprend pas comment ces enlèvements sont encore possibles.
On ne sait pas s’il s’agit d’un manque de volonté du gouvernement ou de son incapacité à agir. Nous avons une armée, peut-être la plus grande d’Afrique, et on ne comprend pas comment elle qui s’est montrée si habile lors d’opérations à l’extérieur du Nigeria, ne parvient pas à rétablir la sécurité dans notre pays. C’est là le problème. On ne comprend pas pourquoi le gouvernement ne contrôle pas ces gens. Ils font ce qu’ils veulent. Emmener 350 enfants…. Où les emmènent-ils ? Et les forces de sécurité ne peuvent pas les retracer… Ce n’est pas le désert! Espérons qu’il ne s’agisse pas d’un cas similaire à celui des filles de Chibok. Alors c’était Boko Haram, un groupe plus organisé, mais ces petits groupes de bandits on ne sait pas comment ils font pour enlever autant d’enfants. Il y a deux semaines déjà, il avait enlevé des garçons, toujours d’un collège…
Au lendemain d'un nouveau kidnapping de masse où 317 jeunes filles ont été enlevées dans le nord du pays, on a apparemment des nouvelles des 42 personnes, dont 27 enfants, enlevées il y a dix jours dans une école du centre-ouest du Nigeria. (Ndlr: ces personnes ont donc été libérées depuis la réalisation de cet entretien)
Il semble que nous sachions où elles sont, mais c’est difficile de recourir aux armes contre ces bandits car ils risquent d’utiliser les enfants comme boucliers humains. Alors pour ne pas mettre en danger la vie des enfants, les autorités disent qu’elles veulent trouver une autre manière de convaincre les ravisseurs de relâcher ces enfants. C’est ce qu’on entend de temps à autre, mais pour moi ces explications ne suffisent pas. Il ne faudrait pas que de telles choses puissent arriver.
Le futur du Nigeria serait en jeu, car les parents ont peur d’envoyer leurs enfants à l’école.
C’est la deuxième dimension de cette tragédie. La première est nationale mais la seconde, plus terrible encore, est celle des familles. Ces enfants viennent de familles pauvres, et là on dit que nombreux sont les parents qui retirent leurs enfants de l’école quand celle-ci est isolée. On a un système scolaire qui prévoit que les enfants vivent, mangent, dorment dans l’école, et maintenant cela représente un danger. Les ravisseurs arrivent en plein milieu de la nuit vers 1 ou 2 heures du matin pour attaquer l’école. On ne peut pas mettre des soldats partout, même, ce n’est pas bon. Comment des jeunes peuvent étudier et vivre avec des patrouilles de soldats armés aux alentours?
Si vous deviez adresser une parole aux ravisseurs, quelle serait-elle?
Simplement que c’est cruel ce qu’ils font, pas seulement criminel. C’est cruel. Ils doivent laisser ces pauvres enfants rejoindre leur famille. Ces enfants sont innocents, ils n’ont rien fait. C’est tout ce que je peux leur dire pour le moment.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici