Cardinal Bo: «Une nouvelle Birmanie sans conflit est possible»
Olivier Bonnel-Cité du Vatican
C'est une homélie très incisive qu'a prononcée le cardinal Charles Maung Bo le 27 février. L'archevêque de Rangoun, qui a fortement condamné le coup d'état militaire dans son pays et déjà rappelé à de multiples reprises le besoin urgent de revenir à la paix et au dialogue a livré en effet une catéchèse qui relie sens du temps de Carême et aspirations à une société nouvelle.
Reprenant les lectures du jour, que ce soit le sacrifice d'Abraham dans le livre de la Genèse ou le récit de la Transfiguration relaté dans l'Évangile, le cardinal Bo a d'abord rappelé combien son pays souffrait ces jours-ci: «Les rues de Birmanie ont vu tant de douleur, de souffrance et de résistance. Lentement, la haine a semblé s'infiltrer dans les marches pacifiques. Nous prions pour qu'aucune violence ne se produise». Des mots hélàs prononcé à la veille d'une répression qui a fait huit morts dans des affrontements à Rangoun, à Daei (au sud du pays) ou encore à Mandalay (au centre).
«Je l'ai répété à maintes reprises, a poursuivi l'archevêque: la haine ne chasse jamais la haine : seulement l'amour (...) croyons tous au pouvoir de l'amour et de la réconciliation». La conversion est le message central du Carême a rappelé le cardinal Bo, cette conversion «est la transfiguration de chacun de nous».
Les «transfigurations à venir» de la Birmanie
L'archevêque de Rangoun a ainsi souligné qu'«une nouvelle Birmanie était possible, une nation sans conflit, possible quand cette nation se retourne et se transfigure dans la gloire qu'elle mérite». Le cardinal Bo a ainsi invité les fidèles à prier pour qu'adviennent plusieurs «transfigurations» aussi bien dans le pays que dans le cœur de chaque Birman:
«Que de la haine et de la violence, cette nation se transfigure en un paradis de paix et de tranquillité.
Que de la méfiance mutuelle, cette nation se transfigure en une nation d'amour et de solidarité.
Que cette nation pauvre malgré de grandes ressources soit transfigurée en une nation de prospérité partageant les richesses avec tous.
Qu'une nation théatre de conflits de pouvoir, de prestige et de statut soit transfigurée en une nation de démocratie, de fraternité et d'égalité.
Que de toutes sortes d'exploitation, cette nation se transforme en une nation de justice environnementale et écologique.»
Malgré les épreuves que traverse actuellement la Birmanie, l'avenir est donc à construire. «Comme les disciples, descendons de nos propres montagnes de réalité virtuelle et descendons nous rencontrer en tant que frères et sœurs» a encore exhorté le cardinal.
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