La Conférence épiscopale italienne préoccupée par la situation sociale dans la Péninsule
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
La «préoccupation pour la stabilité sociale» de l'Italie est clairement exprimée par le Conseil permanent de la CEI dans le communiqué final publié à l’issue de trois jours de discussions, du 22 au 24 mars. Les évêques s’inquiètent de l’explosion de «véritables 'lignes de faille sociales'» entre les citoyens les plus riches et ceux les plus pauvres. Pour éviter que ce fossé ne se creuse, chacun doit donc prendre ses responsabilités, particulièrement les gouvernants: des «politiques adéquates et courageuses» sont nécessaires, estiment les évêques.
Soutien financier de l’Église à la population
Pays d’Europe parmi les plus affectés par la pandémie de coronavirus qui y a fait plus de 106 000 décès, l’Italie plonge dans une grave crise économique et sociale: un million de personnes supplémentaires sont passées en dessous du seuil de pauvreté l'an dernier, selon une enquête publiée le 4 mars dernier par l'Institut national des statistiques (Istat). Le nombre de pauvres est donc passé à 5,6 millions, soit 9,4% de la population contre 7,7% en 2019, atteignant un record depuis 15 ans. Cette proportion dépasse largement le taux de pauvreté enregistré lors du début de la crise financière en 2008 (3%). Près de 450 000 personnes, surtout des femmes et des jeunes, ont perdu leur emploi l'an dernier et le PIB s'est effondré de 8,9%, faisant entrer le pays dans une récession d'une ampleur inédite depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
«Dans cette phase délicate, l'urgence d'un regard lucide sur la situation actuelle est apparue, qui peut se traduire par une présence d'espérance de la part de la communauté chrétienne, mais aussi par des actions concrètes de soutien aux familles et aux citoyens, en particulier les plus vulnérables», peut-on lire. Ainsi, lors de la prochaine assemblée de la CEI, prévue à Rome du 24 au 27 mai prochain, «une allocation de 60 millions d'euros sur l'ensemble du territoire sera proposée: tous les diocèses seront impliqués, sous le signe de la synodalité». L'assemblée devra déterminer les critères de distribution.
Vaccination dans des paroisses
Les évêques italiens attirent également l’attention sur la question de la natalité, en forte baisse dans la Péninsule depuis plusieurs décennies – moins de 400 000 naissances ont été enregistrés l’année dernière, soit un indice de fécondité de 1,3 enfants par femme en moyenne (1,55 en moyenne dans l’UE en 2020): «il semble plus que jamais nécessaire de travailler, chacun dans sa propre sphère de compétence, pour redonner confiance et espoir aux jeunes», souligne le Conseil permanent, qui estime que «sur eux et sur les plus jeunes enfants pèse le couperet de la pauvreté éducative».
La CEI évoque aussi les défis actuels que sont l’endettement, le chômage, et la campagne de vaccination contre la Covid-19. À ce propos, l’épiscopat encourage la mise à disposition de certains bâtiments appartenant à l’Église pour en faire des centres de vaccination. En Sicile, comme l'informe l'ANSA ce 25 mars, 500 paroisses seront ainsi impliquées à partir du 3 avril prochain, chacune d’elle recevant 100 doses qui seront administrées à des personnes âgées de 69 à 79 ans, en présence d’un médecin, d’un infirmier, et d’une personne s’occupant du volet administratif.
Un Synode national à venir
Autre thème important de cette session de printemps: le chemin synodal, sur lequel l’Église de la Péninsule a été encouragée à s’engager par le Pape François lui-même, à l’occasion d’une rencontre avec des catéchistes italiens fin janvier. Ce Synode national représente «une méthode», «un style» capable de transformer le visage de l'Église, assure le Conseil permanent. Les modalités et le calendrier de sa mise en œuvre seront discutés lors de la prochaine assemblée générale de la CEI.
Les offices et célébrations de la Semaine Sainte et de Pâques «continueront à se dérouler en toute sécurité, selon les indications partagées avec le gouvernement, qui disent que le système fonctionne, en respectant la santé de tous», a par ailleurs déclaré Mgr Stefanio Russo, secrétaire général de la CEI, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à l’issue de la session. «Pâques est un moment important de rencontre pour la communauté chrétienne. Il y a une santé du corps, dont il faut prendre soin, mais elle doit certainement aussi être soutenue par la santé de l'esprit», a-t-il déclaré.
La CEI et le gouvernement italien s’étaient accordés en mai dernier sur un protocole relatif aux célébrations religieuses, complété le 24 février par des «Indications pour la Semaine Sainte» de la part de l’épiscopat. Les catholiques d’Italie, contrairement à l’année dernière, pourront donc se rendre à l’église pour célébrer ensemble la semaine la plus importante du calendrier liturgique.
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