Inde: déception après le refus de libération du père Swamy
Selon le juge, les preuves contre le religieux seraient aussi solides qu’accablantes. Le tribunal a notamment mentionné l’existence de plus de 140 courriels compromettants échangés entre le père Swamy et d'autres accusés. Le jésuite aurait d’ailleurs reçu la somme de 800 000 roupies comme prix de son soutien aux rebelles maoïstes. L’ordonnance du tribunal conclut donc que l’accusé, «avec le soutien d’autres membres de l’organisation hors-la-loi, a fomenté un grave complot visant à créer des troubles dans tout le pays et à renverser le gouvernement par la politique et l'usage de la force».
Le jésuite Cedrik Prakash, ardent promoteur de la campagne de mobilisation pour le père Swamy, qualifie ces allégations d’«absurdes». «Accompagner les pauvres et les vulnérables, les exploités et les exclus dans leur quête d'une société plus humaine et plus juste, dans le cadre de la Constitution, n'a rien à voir avec le renversement d'un gouvernement», a déclaré le prêtre, qui juge «honteuse pour l’Inde» la détention sans preuve cohérente d’un homme malade, dont l’engagement inlassable auprès des peuples marginalisés est connu de tous.
Déception et tristesse également du côté du forum des avocats de religieux et prêtres, qui rappelle que la liberté sous caution pour une personne en attente de jugement est un droit, soulignant en outre que le père Swamy a toujours coopéré avec la police. Sœur Sujata Jena, avocate et militante des droits de l'homme, pointe du doigt un système judiciaire injuste: «le préambule de notre Constitution stipule que la justice est la première chose que l'État veut garantir. Pourtant, aujourd'hui, la seule chose qui semble compter est le pouvoir», a déclaré la religieuse.
Détenu à Mumbai malgré son âge et sa maladie, le père Swamy est en prison depuis octobre dernier avec 15 autres militants sociaux pour les droits des Adivasis, tous accusés de terrorisme et de complicité avec les rebelles maoïstes. Le prêtre est accusé, entre autres, d'être impliqué dans les émeutes qui ont éclaté en 2018 à Bhima-Koregaon, dans l'État du Maharashtra. Ces derniers mois, toute l'Église en Inde, et au-delà s'est mobilisée pour sa libération. Les appels - dont celui lancé par trois cardinaux indiens en janvier dernier lors d'une rencontre avec le Premier ministre Narendra Modi - n'ont toutefois eu aucun effet.
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