César de Bus, le saint catéchiste de campagne
Marine Henriot – Cité du Vatican
Deux Français figurent parmi les futurs saints dont la canonisation prochaine a été annoncée après le Consistoire présidé par le Pape François ce lundi 3 mai, sans date annoncée toutefois, pour le moment. Quelque peu éclipsé par le très célèbre Charles de Foucauld, César de Bus, le fondateur de la Société des Prêtres de la Doctrine chrétienne, est né à Cavaillon, au sud d’Avignon en France, en 1544, dans un monde chrétien «en crise», déclarera Paul VI lors de sa messe de béatification le 27 avril 1975. Dans des mots faisant certainement écho aux secousses traversées par l'Église catholique dans la décennie ayant suivi le Concile Vatican II, Paul VI évoquait une «crise non seulement religieuse et doctrinale, mais crise de civilisation aussi, avec l'afflux de courants de pensée nouveaux, certes pas tous négatifs, mais qui désorientent la masse des fidèles.»
Issu d’une famille de la noblesse romaine, le jeune César sera confié à un précepteur, avant de poursuivre ses humanités dans son village d’origine, puis chez les jésuites en Avignon. À l’âge de 20 ans, César de Bus s’engage dans l’armée royale, il sera ensuite invité à la cour par son frère Alexandre, chef de la garde du roi de France, Charles IX. Insatisfait de cette vie à la cour, il retournera en 1570 s’installer en Avignon. «Vie légère, insouciante, d'un être doué, brillant en société, poète à ses heures, davantage sensible à la jouissance de tout qu'aux exigences de l'Évangile», précisera Paul VI dans son homélie, à propos des mœurs du futur saint.
Une conversion radicale
Durant l’année 1573, deux drames vont bouleverser la vie de César de Bus: la mort de son père et de son frère, à quelques mois d’intervalle. Il reviendra donc s’installer dans le village de son enfance, où une figure changera le cours de son existence, celle d’Antoinette Réveillade. Une femme étonnante, précise Paul VI lors de la béatification. Analphabète, «elle allait jusqu'à supplier César de Bus de lui faire la lecture de vies de saints, lui donnant ainsi l'occasion de réfléchir et de prier». Deux autres personnes marqueront César de Bus à cette époque: Louis Guyot, tailleur, sacristain de la cathédrale de Cavaillon, et le jésuite Pierre Péquet.
«La conversion ne pouvait être que radicale, et elle le fut», s’était réjoui Paul VI en 1975. En effet, quatre siècles plus tôt, après une chute, César de Bus se serait réveillé en ayant décidé de vivre pour Dieu. Il abandonna alors ses biens pour servir les miséreux, avant de se retirer dans la solitude et la pénitence. Ordonné prêtre en 1582, il devient chanoine de la cathédrale Saint-Véran, et commence une mission de catéchiste auprès des pauvres.
«L'intuition, le génie pourrait-on dire, de César de Bus, salua Paul VI lors de la béatification, est de mettre le doigt sur un besoin primordial, pressenti avec tant de perspicacité par les Pères du Concile de Trente avec le catéchisme dont ils ordonnèrent la rédaction, afin que tous les pasteurs, de l'évêque au curé d'une modeste paroisse, possèdent un manuel de référence.» Mais la tâche est immense. C’est ainsi que le curé de campagne se met à la rédaction de catéchismes, accessibles à tous. Avec son cousin, Jean-Baptiste Romillon, le prêtre va alors sillonner les campagnes et les bourgs, pour catéchiser ses ouailles. Avec méthode, il enseigna ainsi la foi à toutes les catégories de population, adaptant soigneusement ses enseignements à son public.
En septembre 1592 nait officiellement à L’Isle-sur-la-Sorgue la Société des Prêtres de la Doctrine chrétienne. Une société qui permettra par la suite la multiplication des missions populaires dans les campagnes, participant au renouveau du christianisme dans le sud de la France, «Attirés par sa clairvoyance et son rayonnement, d'autres hommes enthousiastes se sont peu à peu groupés autour de lui, s'initiant à sa méthode et prenant exemple sur lui. Rapidement ils formèrent une famille religieuse qui, malgré les vicissitudes de l'histoire, fleurit encore aujourd'hui en divers pays», détailla Paul VI. C’est là toute l’importance de César de Bus, selon Paul VI «Au-delà de l'homme, particulièrement brillant, il y a l'œuvre accomplie par cet homme, œuvre considérable dans la région où il vivait, et qui devait influencer d'une manière heureuse la pastorale catéchétique du moment, encore balbutiante.»
Miracle reconnu en 2020
Les femmes de la campagne ne sont pas oubliées dans la mission de César de Bus. Visionnaire, il fonda également la Société des Filles de la Doctrine chrétienne.
Devenu aveugle, le missionnaire quittera la vie terrestre le 15 avril 1607, comme il avait prévu, consacrant ses dernières forces à prêcher et à confesser. Son corps repose aujourd’hui dans l’église Santa-Maria-in-Monticelli, dans la capitale italienne. C'est là que se situe la maison généralice de la congrégation des Prêtres de la Doctrine chrétienne qui comptait, en 2010, environ 90 membres, parmi lesquels une soixantaine de prêtres.
César de Bus fut déclaré vénérable le 8 décembre 1821 par le Pape Pie VII. Le miracle a été reconnu en mai 2020 et remonte à 1911: un paysan italien, souffrant d’une tumeur considérée comme incurable, fut soigné par son intercession.
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