Décès du P. Riccardo Tobanelli, porte-voix des sans-voix au Bangladesh
Vatican News
Missionnaire au look atypique, connu pour son engagement auprès des enfants des rues au Bangladesh, le père Riccardo Tobanelli (1955-2021) a succombé vendredi dernier à une insuffisance cardio-respiratoire après avoir été pris en charge au service de soins intensifs du Khulna City Medical College Hospital.
Né le 9 décembre 1955 près de Brescia, au Nord de l’Italie, il avait commencé son parcours de formation chez les missionnaires xavériens très jeune, dès l’âge de 10 ans, en 1966. Dès 1971, à seulement 16 ans, il prononce ses premiers vœux religieux et missionnaires, avant ses vœux définitifs en 1978 puis l’ordination presbytérale à 24 ans, le 30 décembre 1979.
Après une année d’études à Londres en 1980, il rejoint le Bangladesh, un État alors indépendant depuis une décennie, après avoir fait sécession du Pakistan. Il s’y déploiera notamment auprès des enfants des rues à Khulan, Dhacca et Noluakuri. Dans la localité de Chuknagar, c’est auprès de la minorité hindoue qu’il développe dans les années 1980 avec un autre père xavérien, le père Luigi Paggi, un programme d’alphabétisation, créant une vingtaine de petites écoles dans les villages alentour.
Mis à part deux parenthèses, en Grande-Bretagne de 1989 à 1994 puis en Italie en 2005-2006, le père Riccardo Tobanelli a donné l’essentiel de sa vie missionnaire au peuple du Bangladesh, et particulièrement aux enfants des rues, appelés les «Tokai», des enfants souvent abandonnés et acculés à vivre de la mendicité, et pour lesquels il avait créé une association aidée notamment par des bienfaiteurs de la région de Brescia.
La rencontre avec le Pape en 2017
En décembre 2017, à l’occasion de la visite du Pape François au Bangladesh, notre envoyé spécial Xavier Sartre avait rencontré le missionnaire italien, qui avait pu échanger quelques mots avec le Saint-Père lors de sa rencontre avec les religieux catholiques à Dacca. La ville, il avait emmené certains enfants des rues dont il s’occupe à la messe présidée par le Pape au parc Suhrawardy Udyan.
Le père Riccardo nous avait confié son émotion après sa rencontre avec François :
R.- Ça a été un beau moment pour moi parce que j’ai pu donner au Pape les chaussures recyclées des enfants des rues, qu’il a tenu entre ses mains. Mais j’ai aussi été enchanté des paroles de l’évêque de Rome, François, parce qu’il a mis le doigt sur de réels problèmes d’unité; il a parlé de comment nous devrions être comme Église, comme hiérarchie, comme peuple de Dieu.
Je pense qu’il essaye aussi de nous transmettre ce message: «il est clair que, en tant qu’Église, vous devriez être moins institutionnels, moins cléricaux, et davantage pasteurs.»
Au Bangladesh, les catholiques sont une très petite minorité. Mais le Pape a quand même fait la Une des journaux pendant quelques jours.
R- Pour les gens, pour les médias, pour le pays tout entier, je pense que c’est un signe de paix. Le Pape a fortement apprécié ce pays qui, tout en étant à majorité musulmane, est capable d’aller de l’avant et de maintenir l’unité malgré les frictions potentielles entre ses différents groupes, ses différentes ethnies, ses différentes langues.
En somme, c’est un pays capable de maintenir l’unité dans la diversité. Et j’ai l’impression que c’est quelque chose qui a bien plu au Pape.
Lien vers le reportage vidéo en italien réalisé par Xavier Sartre sur la mission du père Riccardo auprès des enfants.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici