Brésil: une lettre ouverte des évêques sur les menaces pesant sur l'Amazonie
Dans leur texte, les évêques brésiliens déclarent se sentir «sensibilisés par la situation de vulnérabilité et de menaces dont souffre toute la Maison commune, aggravée par la pandémie de Covid-19 et l'intensification des conflits territoriaux avec l'expansion de l'exploitation minière et de l'agrobusiness sur les terres des peuples traditionnels».
Dans ce message, les évêques soulignent que le scénario politique indigéniste vécu au Brésil est un scénario de «régression» et que la «crise socio-environnementale, dénoncée en 2019 lors du synode sur l'Amazonie s'est accentuée lors de la pandémie». Les évêques lancent à nouveau un appel aux responsables les plus divers des laïcs chrétiens et non chrétiens pour qu'ils «n'abandonnent pas le combat» et demandent que la «sensibilité aux plus pauvres soit permanente».
«Les regards se tournent vers l'Amazonie en raison de la richesse de sa biodiversité et de ses peuples, et nous nous en réjouissons ; mais il y a aussi des regards ambitieux qui jettent sur la région un avant-goût de déprédation et de menace pour la vie, et cela nous indigne, poursuivent les évêques qui soulignent «qu'en tant qu'Église catholique, nous jetons aussi notre regard vigilant, notre écoute contemplative et pleine d'espoir, notre engagement sans équivoque».
Dans ce message les prélats brésiliens élèvent leur voix et appellent une nouvelle fois à «une écologie intégrale, pour le soin de notre maison commune, pour la protection et la conservation de la région et nous renouvelons notre engagement en tant qu'alliés des peuples de cette Amazonie bien-aimée».
Une «scandaleuse concentration des richesses»
«Dans l'exercice de notre mission d'évangélisation, nous adressons ce message à toute la société, aux peuples d'Amazonie, aux hommes et aux femmes engagés dans la défense de la vie, poursuit le texte, nous suivons, terrifiés mais pas inertes, le déroulement d'un projet qui révèle l'aggravation dévastatrice d'une crise qui met à nu la pauvreté face à la scandaleuse concentration des richesses». Pour les évêques brésiliens, c'est le signe évident de la perversion d'une économie de marché, basée sur le capital spéculatif qui se nourrit des besoins des États-nations, faisant d'eux leurs nouveaux consommateurs»
Le message rappellent une nouvelle fois l'aggravation des violations des droits des peuples indigènes, aggravée par des stratégies politiques qui favorisent l'exploitation par des mineurs, des compagnies minières, des bûcherons, des agents agro-industriels et bien d'autres, générant toutes sortes de violences et de violations des droits de l'homme et de la nature. À cela s'ajoutent les incendies, la pollution des eaux fluviales, la contamination des poissons, la contamination des personnes et des animaux ; les meurtres, les violences sexuelles, les pandémies, le manque d'assistance.
Mais malgré ce sombre tableau, les évêques de l'Amazonie brésilienne veulent regarder vers l'avenir avec confiance: «L'expérience du synode sur l'Amazonie nous a appris un regard d'espoir. L'Amazonie est aussi une réponse ! Elle éclate comme un nouveau sujet et comme un nouveau paradigme pour la question écologique et pour ses peuples originels. Depuis l'Amazonie, nous avons été mis au défi d'adopter ces nouveaux paradigmes dans notre action d'évangélisation» précisent-ils.
«L'Église en Amazonie a déjà un chemin conclut le message, nous sommes une Église agissant sous la puissance et l'inspiration de l'Esprit de Dieu. La liberté et l'audace de l'Évangile sont plus fortes que les contraintes et l'usure des structures».
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