Le juge antimafia Rosario Livatino béatifié en Sicile
Alessandro Di Bussolo - Cité du Vatican / Article mis à jour le 9 mai 2021 à 15h25
Le premier magistrat béatifié de l'histoire de l'Église était un homme amoureux de Dieu, de ses parents et de la justice, qui recherchait la normalité du bien et avait fait le vœu de «marcher toujours sous le regard du Seigneur». Rosario Angelo Livatino, béatifié ce dimanche 9 mai en la cathédrale Saint-Gerland d'Agrigente, au cours d'un rite qui s'est ouvert à 10 heures, présidé par le cardinal Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour la cause des saints, a été tué, "en haine de la foi", par quatre tueurs de la "stidda", la bande rebelle d'Agrigente, le 21 septembre 1990.
La relique: une chemise bleue tachée de sang du juge
Sa chemise bleue perforée par les balles et trempée de sang constitue à présent une relique, vénérée par le cardinal Semeraro, tandis que le chœur diocésain chantait l'hymne "Sub Tutela Dei", composé pour la béatification. La lettre apostolique par laquelle le Pape François a inscrit Rosario Livatino au tableau des bienheureux et indiqué la date de sa mémoire liturgique a également été lue au cours de la cérémonie.
Ses derniers mots: «Petits, que vous ai-je fait?»
Le postulateur Mgr Vincenzo Bertolone, archevêque de Catanzaro-Squillace, a repris les derniers mots du juge martyr, «Petits, que vous ai-je fait?», racontés par le tueur repenti Gaetano Puzzangaro, qui a également témoigné lors du procès de béatification. Un écho au cri prononcé moins de trois ans après l'assassinat de Livatino par saint Jean-Paul II, un 9 mai également, à la fin de l'homélie de la messe dans la Vallée des Temples, après une rencontre en privé avec les parents de Rosario. «Tu ne tueras pas! L'homme, toute agglomération humaine, toute mafia, ne peut changer et fouler aux pieds ce droit très saint de Dieu!», avait-il scandé, «Convertissez-vous! Le jugement de Dieu viendra une fois!»
Le message des évêques siciliens
En Sicile, les paroles des évêques résonnent également dans le message écrit à l'occasion de la béatification, qui définit Livatino comme «l'un des nôtres, qui a grandi dans une famille très commune de la nôtre et dans une de nos villes, où il a respiré le parfum de la dignité et où il a appris le sens du devoir, la valeur de l'honnêteté et l'audace de la responsabilité».
«Malheureusement, regrettent les évêques siciliens, nous devons reconnaître que, au-delà de quelques initiatives louables, plus ou moins circonscrites, nos Églises ne sont pas encore à la hauteur de cet héritage». Au cours de ces trente années, les manières d'agir n'ont pas encore suffisamment changé. S'il semble que le temps de la grande clameur avec laquelle la mafia agissait dans les rues et sur les places de nos villes soit révolu, il est certain qu'elle a trouvé d'autres formes - moins voyantes et pour cette raison encore plus dangereuses - pour s'infiltrer dans les différentes sphères de la coexistence humaine, continuant à déstabiliser l'équilibre social. «Face à tout cela, nous ne pouvons plus nous taire, nous devons élever la voix et joindre l'acte à la parole: non pas seuls mais ensemble, non pas avec des initiatives ponctuelles mais avec des actions systématiques. Ce n'est qu'ainsi que le sang des martyrs n'aura pas été versé en vain et qu'il pourra féconder notre histoire, en en faisant, pour tous et pour toujours, une histoire de salut», ont poursuivi les évêques.
Le Pape François salue l'intégrité du magistrat
À l'issue du Regina Cæli de ce 9 mai, le Souverain Pontife a évoqué la béatification de Rosario Angelo Livatino, «martyr de la justice et de la foi. Au service de la communauté, en tant que juge intègre, qui ne s'est jamais laissé corrompre, il s'est efforcé de juger non pas pour condamner mais pour racheter. Son travail l'a toujours placé "sous la protection de Dieu"; c'est pourquoi il est devenu un témoin de l'Évangile jusqu'à sa mort héroïque», a souligné le Pape. «Que son exemple soit pour tous, et notamment pour les magistrats, un encouragement à être de loyaux défenseurs de la légalité et de la liberté. Applaudissons le nouveau bienheureux!», a-t-il proposé depuis le Palais apostolique.
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