Les évêques nigérians exhortent le gouvernement à s’attaquer à l'insécurité
Vatican News
Dans une lettre ouverte adressée au gouvernement, dirigé par le All Progressives Congress (APC, le parti du chef de l'État, Muhammadu Buhari), Mgr Augustine Akubeze, archevêque de la ville de Benin City et président de la Conférence des évêques du Nigeria, souligne «l'échec de l'exécutif par rapport à l'obligation constitutionnelle de protéger la vie et les biens des Nigérians ; d'œuvrer pour le bien-être de tous ; de défendre la liberté religieuse et de protéger la population de tout type de discrimination».
Chaque Nigérian, en tant que partie prenante dans la gestion du pays, «a le droit de s'exprimer, sans inciter à la violence, lorsqu'il perçoit que le gouvernement élu échoue», poursuivent les évêques, qui rappellent que les citoyens «sont fatigués d'entendre des nouvelles de bandits qui enlèvent des jeunes dans les universités pour ensuite les exécuter ou les retenir en otage à des fins de chantage.» «Un pays dans lequel ni les jeunes ni les paysans ne sont plus en sécurité n'a aucun avenir à espérer», poursuivent-ils dans leur lettre ouverte.
«Tout en rejetant tout appel à une prise de pouvoir par l'armée», écrivent les prélats, «nous disons au gouvernement qu'il n'est pas nécessaire de dépenser du temps et de l'énergie à essayer de faire chanter ceux qui critiquent votre travail». «Nous parlons parce que nous ne voulons pas que le Nigeria s'effondre. Nous ne parlons pas pour faire tomber le gouvernement APC, mais plutôt pour ne pas faire échouer le pays». Le Nigeria, ont insisté les évêques, n'est pas la propriété de l'APC, mais celle des Nigérians, indépendamment de leurs alignements politiques. L'exécutif doit donc «apprendre à écouter chaque citoyen» et travailler dans la «transparence» pour «relancer l'économie, industrialiser la nation, lutter contre la corruption et réduire fortement le niveau élevé d'insécurité et de chômage».
Dans cette optique, l'Église catholique nationale appelle à un «sommet sur la sécurité», une réunion qui se tiendra «de n'importe quelle manière pourvu qu'elle mène à l'unité, la paix, la justice, le progrès et la protection des Nigérians», dont le bien-être doit être prioritaire.
Le président sommé de s'expliquer
S'adressant ensuite directement au chef de l'État, Muhammadu Buhari, les évêques l'exhortent à expliquer clairement les conditions dans lesquelles se trouve le pays, à s'adresser directement à la population et à accorder des interviews aux médias qui sont «les chiens de garde de la démocratie», sans se protéger des porte-parole institutionnels. «Les Nigérians veulent entendre directement leur président et entendre des paroles qui s'accompagnent d'actions», peut-on lire dans la note épiscopale.
Un autre appel est lancé à tous les chefs religieux pour qu'ils «restent unis dans la lutte au nom du peuple», avertissant de manière décisive le gouvernement que «s'il continue à ignorer les critiques constructives de tous les secteurs de la société, le pays s'effondrera et deviendra ingouvernable». En effet, cette fin n'est pas si lointaine : la Conférence épiscopale cite, à titre d'exemple, des commissariats et des casernes attaqués et incendiés, des camps de réfugiés dévastés, des terres agricoles envahies, un chômage des jeunes en hausse, des entreprises privées bloquées, le clientélisme des institutions. «L'alarme d'une nation qui s'effondre pourrait-elle résonner plus fort que tout cela ?» est la question centrale posée par les évêques.
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