Le plaidoyer de l'Église d'Afrique du Sud pour les jeunes
Olivier Bonnel-Cité du Vatican
C'est une réflexion longue et sévère qu'a adressé l'évêque de Mthatha Mgr Sithembe Sipuka. A la fois vis à vis des autoritès de son pays mais aussi des pasteurs de l'Eglise. Le président de la Conférence épiscopale d'Afrique du Sud, a tenu à dresser une sorte de "bilan" après le mois de juin, au cours duquel a été célébrée la "Journée nationale de la jeunesse". «Être jeune est associé à la joie et à la perspective d'un avenir heureux, significatif et brillant», explique Mgr Sipuka, «mais malheureusement, ce n'est pas vrai pour la plupart des enfants sud-africains en raison de l'inaptitude du gouvernement à mettre en œuvre des politiques adéquates et à lutter contre la corruption», regrette t-il.
L'évêque sud-africain revient sur la date symbolique du 16 juin 1976 qui marqua le début des émeutes à Soweto, portées par des écoliers noirs. «74 % des jeunes ayant atteint l'âge de travailler sont au chômage, il n'est pas surprenant que le chômage soit considéré comme un défi majeur pour les jeunes d'aujourd'hui», souligne Mgr Sipuka. «La plupart des jeunes dépendent de façon humiliante des allocations de leurs parents pour survivre. En tant qu'Église et société civile, nous devons apporter notre contribution pour améliorer cette triste situation du chômage des jeunes», plaide t-il.
L'évêque est aussi très sévère sur le système éducatif sud-africain, expliquant que «le chômage des jeunes est également dû à un système éducatif sans vision, qui prépare les jeunes à des emplois de cols blancs inexistants. Il en résulte, poursuit le président de la conférence épiscopale, que plusieurs jeunes qualifiés restent à la maison parce que, aussi qualifiés soient-ils, il n'y a pas de marché pour leurs compétences».
Retrouver l'esprit missionnaire
«Bien sûr, ce n'est pas le cas de tous les jeunes. Certains, issus de milieux difficiles et gravement désavantagés, saisissent toutes les occasions d'améliorer leur vie», tempère le prélat, mais Mgr Sipuka invite les pouvoirs publics à faire plus pour encourager les jeunes dans leur développement. «Notre tâche, en tant qu'Église, est d'encourager cette attitude de prendre ses responsabilités au lieu d'attendre qu'on s'occupe d'eux», précise t-il.
A l'issue de sa réflexion, le président de la conférence épiscopale sud-africaine dresse enfin une réflexion critique sur les priorités pastorales de l'Église sud-africaine et invite à une instrospection, faisant le constat sévère de certains pasteurs en manque de contact avec le peuple. «Les terres de mission étaient des oasis de développement dans les zones rurales pauvres, mais aujourd'hui elles sont abandonnées, parce que nous, prêtres et religieux d'aujourd'hui ne sont formés que pour le travail pastoral spirituel et non pour le développement», gronde t-il, expliquant que «nous ne pouvons être efficaces en encourageant les autres à propos du développement si nous, les dirigeants de l'Église, donnons l'exemple au lieu de pontifier».
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