Slovaquie: bientôt 200 ans sous la protection de Notre-Dame des Sept Douleurs
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
François l’a expliqué lundi matin devant les autorités slovaques, il est venu en «pèlerin dans ce pays jeune mais à l’histoire ancienne». Pèlerin, il le sera plus encore au dernier jour de son voyage apostolique, ce mercredi, en se rendant au sanctuaire national de Šaštín, situé à 70 km environ au nord de Bratislava, dans la petite ville de Šaštín-Stráže. Une ville d’un peu plus de 5000 habitants qui n’a obtenu le statut administratif de ville qu’en 2001. Mais son histoire est en réalité millénaire : la première mention du village de Šaštín-Stráže remonte à 1218, et l’on attribue même son origine à l’arrivée des saints Cyrille et Méthode sur le territoire slovaque, au 9e siècle. La ville de Šaštín fait actuellement partie de l'archidiocèse de Bratislava, dont l’archevêque est Mgr Stanislav Zvolenský.
Des centaines de guérisons miraculeuses
L’histoire du sanctuaire marial de Šaštín, ou basilique des Sept Douleurs de la Vierge Marie, débute quant à elle au 14e siècle, lorsqu'une petite chapelle située à un carrefour du village reçut une statue de Notre-Dame des Douleurs avec le Christ mort sur ses genoux. Mesurant 85 cm de haut et 91 cm de large, elle est réalisée en bois de poirier de la région du Danube et a été commandée en 1564 par Angelika Bakičová, l'épouse du comte Imrich Czobor, souverain de la région de Šaštín, en réponse à un vœu.
La noble femme avait demandé l'intercession de la Vierge Marie pour que son mari, un homme irascible, change de caractère, et sa prière fut exaucée. De nombreux croyants s'arrêtaient pour prier devant la chapelle et la dévotion à la Pietà de bois ne cessa d’augmenter. En 1710, suite à des rapports de guérisons prodigieuses, une commission d'enquête fut créée. Elle examina 726 cas, et le 10 novembre 1732, la statue fut déclarée miraculeuse et confiée à la garde du curé de Šaštín.
Générosité impériale
L'année suivante, les religieux Paulins, désireux de construire une église de pèlerinage et un monastère attenant, demandèrent que la statue de Notre-Dame des Sept Douleurs leur fût confiée. Les travaux de la nouvelle église commencèrent avec la pose de la première pierre le 16 juillet 1736, et se poursuivirent jusqu'en 1760, financés par les dons des fidèles et de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche.
La consécration eut lieu en présence de l'impératrice Marie-Thérèse et de son mari, l'empereur François Ier de Lotharingie, le 12 août 1762, et la statue de la Vierge Marie fut placée sur le maître-autel le 15 août. En 1786, l'empereur Joseph II abolit l'ordre de Saint-Paul Premier Ermite, et l'église passa à nouveau sous l'administration du curé de Šaštín. Le 8 septembre 1864, l'archevêque d'Esztergom, le cardinal Ján Scitovský, couronna la statue d'objets en or consacrés par Pie IX.
Première basilique de l’histoire du pays
Enfin, une étape importante est franchie le 22 avril 1927, lorsque Pie XI déclare Notre-Dame des Sept Douleurs patronne du peuple slovaque – alors intégré à la Tchécoslovaquie -, par le décret Celebre apud Slovaccham gentem. Le 23 novembre 1964, Paul VI élève l'église au rang de Basilique mineure par le décret Quam pulchra. L’édifice devient ainsi la première basilique du territoire slovaque. Le 6 juin 1987, Mère Teresa de Calcutta visite l'église, puis le 1er juillet 1995, c’est au tour de Jean-Paul II. Le Souverain Pontife polonais, en voyage apostolique en Slovaquie, célèbre la messe devant le sanctuaire en présence de plus de 200 000 fidèles.
Un repère pour tous les Slovaques
La basilique a également été déclarée lieu de pèlerinage pour l'éparchie de Bratislava de l'Église greco-catholique, qui rend hommage à la Vierge Marie lors de la fête de la Compassion de la Mère de Dieu (nom donné à la fête de Notre-Dame des Douleurs dans le rite byzantin) depuis 2009. En 2017, la charge pastorale de la basilique est revenue à l'Ordre de Saint-Paul Premier Ermite. Au cours des siècles, la basilique a été embellie et restaurée à plusieurs reprises. Les fresques intérieures datent de 1757 et ont été peintes par Jean Joseph Chamant, artiste lorrain.
Au-delà de son caractère strictement religieux, la fête de Notre-Dame des Douleurs est aussi un symbole de l'identité nationale slovaque. Les célébrations se tiennent du 14 au 16 septembre et rassemblent chaque année des dizaines de milliers de pèlerins.
Au programme de ce 15 septembre
Au sanctuaire de Šaštín, le Pape François rencontrera d’abord de manière privée les évêques de Slovaquie, pour un temps de prière dans la Basilique, puis il célèbrera la messe en extérieur. À l’issue de la célébration, il regagnera en voiture l’aéroport international de Bratislava, où l’avion le ramenant à Rome décollera à 13h45, pour une arrivée prévue vers 15h30.
Notre-Dame des Sept Douleurs, modèle de compassion
Comme un prolongement du mystère, au lendemain de la fête de la Croix glorieuse, l’Église universelle célèbre la mémoire de Notre-Dame des Sept Douleurs. La Vierge Marie, debout au pied de la Croix de Jésus, a en effet été associée intimement à la passion rédemptrice de son Fils. Elle est invoquée en latin comme Beata Maria Virgo Perdolens, ou Mater Dolorosa. Une dévotion aux origines très anciennes, puisqu’au milieu du troisième siècle, une première chapelle aurait été érigée sous le vocable de Notre-Dame de Pitié à Clermont-Ferrand.
Mais pour pleinement comprendre la signification de ce titre, c’est vers l’Évangile qu’il faut regarder. Les sept douleurs de la Vierge Marie évoquent en effet les passages suivant, symbolisés par des glaives transperçant le cœur de la Mère du Christ lorsqu’elle est représentée par les artistes: Marie accepte dans la foi la prophétie de Siméon (Lc 2,34- 35) ; Marie fuit en Égypte avec Jésus et Joseph (Mt 2,13-14) ; Marie cherche Jésus à Jérusalem pendant trois jours (Lc 2,43-45) ; Marie rencontre Jésus sur le chemin du Calvaire (Lc 23,26- 27) ; Marie demeure debout près de la croix du Fils (Jean 19,25- 27) ; Marie accueille sur ses genoux le corps inanimé de Jésus, déposé de la croix (Mc 15,42-45) ; dans l’attente de la résurrection de son fils, Marie confie au sépulcre le corps de Jésus (Jean 19,40-42).
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