Recherche

La terrasse Dufferin sur le cap Diamant dans la ville de Québec. La terrasse Dufferin sur le cap Diamant dans la ville de Québec.  

Québec: abolition des cours de culture religieuse, réaction des évêques

Le ministère de l’Éducation québécois a annoncé dimanche le remplacement à l’école des cours d’«Éthique et culture religieuse» par un programme intitulé «Culture et citoyenneté québécoise». L’épiscopat catholique du Québec regrette profondément cette décision, craignant que la méconnaissance aggravée du fait religieux n’entraîne, mécaniquement, repli et radicalisation.

Delphine Allaire – Cité du Vatican

Dans une déclaration commune parue lundi 25 octobre, les évêques catholiques du Québec prennent acte de l’annonce, par le ministre de l’Éducation du Québec, du remplacement du programme d’études Éthique et culture religieuse (ECR) par un programme intitulé Culture et citoyenneté québécoise.

«Une évacuation radicale»

En tant que «citoyens québécois porteurs d’une foi partagée par de nombreuses personnes, et solidaires d’autres groupes religieux bien présents au Québec», ils sont inquiets des conséquences qu’entraînera «l’évacuation radicale» des notions de culture religieuse du cursus scolaire.

Selon l’épiscopat, un accroissement de la méconnaissance du fait religieux en découlera inévitablement. «Cette méconnaissance risque en retour de nourrir les préjugés et d’augmenter la polarisation sociale, plutôt que d’aider les élèves à cheminer vers la reconnaissance de l’autre et la poursuite du bien commun», ajoutent-ils. 

 

Nécessité d'aborder le fait religieux à l'école 

Dans le cadre de «brèves consultations en ligne» organisées par le ministre de l’Éducation québécois en janvier et février 2020, l’assemblée des évêques catholiques du Québec avait déposé un mémoire intitulé «L’importante complémentarité de l’éthique et de la culture religieuse dans le Québec d’aujourd’hui et de demain». Elle recommandait notamment que la révision du programme, processus normal après dix ans d’existence, prête une attention particulière aux demandes des enseignantes et enseignants, qui connaissent bien les réalités sur le terrain. Cette recommandation ne semble malheureusement pas avoir été entendue, déplorent-ils aujourd’hui.

Dans ce mémoire, les évêques expliquaient aussi que le phénomène religieux doit être abordé à l’école publique «de façon nuancée et objective, dans sa pluralité indéniable», tel que le faisait le programme ECR.

L'importance historique du catholicisme au Québec 

L’épiscopat rappelle que «l’expérience religieuse est une dimension centrale de la vie de plusieurs citoyennes et citoyennes»; «une dimension fondamentale de l’expérience humaine en tant que telle»; «une dimension déterminante de l’histoire et de la culture du Québec, non seulement en raison de l’importance historique du catholicisme, mais aussi en raison de la longue coexistence pacifique de plusieurs traditions religieuses sur le territoire».

Impasse est donc faite sur tous ces aspects qui pouvaient, selon les évêques, être regroupés sous le nom de «culture religieuse».

Désormais, cette méconnaissance risque selon eux de favoriser le repli sur soi, la polarisation sociale sur des questions comme le type de laïcité qui convient aux institutions québécoises, voire la radicalisation des positions sur les questions de sens. «La religion demeure un enjeu de société, au Québec comme ailleurs, et ce fait ne disparaîtra pas du jour au lendemain en évacuant la culture religieuse du programme scolaire», affirment-ils, plaidant pour l’affinement des approches éducatives, «plutôt que de tenter de les balayer sous le tapis».

Des critiques du monde enseignant 

Ce nouveau programme balayant le fait religieux a été présenté dimanche 24 octobre à Montréal. Il se déclinera en trois axes: culture, citoyenneté québécoise, dialogue et pensée critique.

Les écoles pourront implanter graduellement ces notions dès septembre 2022. Le cours sera obligatoire en 2023.  

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec a aussi manifesté une «sérieuse inquiétude» devant la nouvelle mouture du cours. Le vice-président Léandre Lapointe a souligné au quotidien Le Journal de Québec qu’il faut éviter une «instrumentalisation de l’éducation à des fins politiques».

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

26 octobre 2021, 09:59