Au Liban, l’accès à l’éducation pour tous avec Fratelli
Claire Riobé - Cité du Vatican
Elle fêtait ses cinq ans en juin dernier. L’association Fratelli, lancée en janvier 2016 sous l’impulsion d’une communauté de trois frères missionnaires au Liban, apporte un appui socio-éducatif aux enfants réfugiés ou déplacés du pays.
Face à l’arrivée de plusieurs centaines de milliers de réfugiés dans le pays du Cèdre, notamment syriens, en 2015, l’éducation pour tous s’est imposée comme un enjeu de première nécessité pour les frères des deux congrégations chrétiennes, maristes et lasalliennes. En quelques mois, Fratelli s’est implanté à Beyrouth, dans le quartier à majorité arménienne de Bourj Hamoud, et à Rmayleh, ville du sud du Liban.
Les deux sites accueillent près 750 enfants et jeunes vulnérables (160 à Bourj Hamoud et entre 500 et 600 à Rmayleh), à majorité syrienne, irakienne et palestinienne. «À Bourj Hamoud, ce sont surtout des enfants syriens et irakiens chrétiens, qui habitent autour du quartier, et dont les famille ont fui Daesh. A Rmayleh, nous accueillons à majorité des enfants syriens musulmans, dans une école abandonnée après la guerre que nous avons réhabilitée», raconte le frère Gilbert Ouilabegue, lui-même originaire du Tchad.
Les enfants et jeunes, âgés de 3 à 28 ans, sont regroupés par classe d’âge et suivent chaque matin un programme enseigné en collaboration avec des éducateurs libanais.
Un relai éducatif au système libanais
Pour Fratelli, l’enjeu est de taille, car la loi libanaise interdit actuellement l’accès à l’école publique libanaise pour les jeunes et enfants réfugiés ou déplacés.
«Il y a des enfants syriens réfugiés de 3 à 5 ans, en âge préscolaire, qui ne seront pas autorisés à rejoindre le système libanais à la rentrée prochaine», explique le frère Gilbert Ouilabegue. «À Fratelli, nous leur délivrons un certificat qui leur permet d’avoir accès à l’école l’après-midi dans des écoles libanaises.»
Avant la crise du coronavirus, cette école de l’après-midi permettait aux enfants les plus vulnérables d’avoir un suivi dans les locaux des écoles publiques libanaises, avec des bénévoles, une fois la journée des enfants libanais terminés. «Mais avec la crise économique et sanitaire que traverse le pays, même les écoles libanaises publiques et officielles, sont dans l’incertitude, et n’ont pas réouvert en présentiel», déplore frère Gilbert Ouilabegue.
Les centres d’apprentissage tels que le projet Fratelli jouent ainsi un rôle de relais éducatif indispensable aux enfants syriens, irakiens et palestiniens dans le pays.
Un nombre croissant de familles libanaises dans le besoin
Cinq ans après son lancement, l’ampleur du projet Fratelli est telle que les deux centres de Beyrouth et Rmayleh ne peuvent pas subvenir aux besoins de tous les enfants qui se présentent aux portes de l’association. «Cela nous fait toujours mal au cœur de nous trouver devant un enfant qui veut apprendre, et à qui on ne peut pas répondre faute de moyens».
D’autant que Fratelli compte parmi les demandes de plus en plus de familles libanaises, directement impactées par la crise que traverse le pays, qui viennent solliciter l’aide du projet éducatif. «Ces parents ne peuvent pas inscrire leurs enfants dans le système officiel, car les transports scolaires coutent de plus en plus cher. Mais la loi ne nous autorise pas à accueillir les enfants libanais dans nos programmes», regrette-t-il.
Aujourd’hui comme hier, «Fratelli est et reste plus que nécessaire au Liban», affirme le frère Gilbert Ouilabegue, qui se dit particulièrement «heureux» de ces dernières années de mission vécues avec ses deux confrères.
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