Dans une Éthiopie en conflit, les évêques renouvellent leur appel à la paix
Lisa Zengarini – Cité du Vatican
La conférence des évêques catholiques d'Éthiopie (CBCE) a annoncé qu'elle allait collecter deux millions de dollars, avec l'aide des partenaires de l'Église, des institutions catholiques locales et des fidèles catholiques, pour soutenir les personnes qui subissent les conséquences de la guerre actuelle et d'autres crises dans le pays. L'annonce a été faite dans le message final de son Assemblée plénière qui s'est tenue avant les festivités de Noël au centre pastoral des Pères Consolata de Modjo. La réunion s'est concentrée sur le conflit qui est récemment entré dans sa deuxième année et sur la réponse de l'Église à la crise humanitaire. Les évêques ont également discuté du processus synodal.
La guerre a éclaté le 4 novembre 2020, après que le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a lancé une offensive contre le Front populaire de libération du Tigré (TPLF) à la suite d'une attaque présumée contre des bases militaires fédérales dans la région du nord. Abiy Ahmed avait promis une victoire rapide, mais les combats ont dégénéré en un conflit généralisé impliquant des milices ethniques ainsi que les forces armées érythréennes, avec des rapports faisant état de graves violations des droits de l'homme des deux côtés.
«Des atrocités qui brisent le cœur»
Dans leur message, les évêques éthiopiens rappellent que, dès le début de la guerre, ils ont publié des déclarations implorant tous les acteurs de comprendre ses conséquences et exhortant les parties à choisir plutôt le dialogue. «La guerre entraîne toujours la dévastation, la perte de vies humaines, la perte de biens, le démantèlement de communautés, le déplacement et d'autres crises humaines connexes. Elle entraîne une crise émotionnelle, sociale et économique dans la société et c'est ce qui se passe en Éthiopie», disent-ils.
«Beaucoup ont perdu la vie, beaucoup sont déplacés, beaucoup ont perdu leurs biens, beaucoup sont emprisonnés, beaucoup de filles et de femmes sont violées, l'harmonie sociale qui existait entre les gens a été sérieusement affectée. De nombreuses personnes vivent dans la peur et l'incertitude», ajoutent les évêques, qui qualifient les atrocités de «déchirantes» et de sources de «grande tristesse».
La prière, puissant instrument de changement
Le message poursuit en indiquant que les évêques «ont prié intensément pour la paix dans le pays», soulignant l'importance de la prière en ces temps difficiles. «La prière est certainement l'un des instruments les plus puissants pour provoquer le changement», car «elle ouvre nos cœurs à Dieu et les uns aux autres; elle insuffle l'espérance; elle nous aide à éviter les discours de haine et nous aide à voir un frère/une sœur dans le prochain», expliquent-ils.
«Nous avons besoin de la prière en ce moment: prière pour notre pays, prière pour ceux qui prennent des décisions qui concernent la vie des citoyens de ce pays, prière pour ceux qui souffrent de la faim, de la soif, de la maladie, du rejet, du manque de produits de première nécessité, pour ceux qui sont déplacés et emprisonnés», écrit l’épiscopat.
Favoriser la paix par le dialogue
Les évêques éthiopiens appellent en outre les fidèles à favoriser activement la paix par le dialogue dans leur pays. «En tant que chrétiens, en tant que catholiques, chacun d'entre nous devrait pouvoir se lever et déclarer sans réserve et sans condition, comme le psalmiste, 'je suis pour la paix'. Le chemin de la paix réconcilie les conflits et régénère la beauté de la fraternité, qui guérit toutes les blessures», plaident-ils. «Une culture du dialogue devrait être encouragée au sein de la société et l'Église jouera son rôle dans un éventuel dialogue national inclusif en Éthiopie», ajoutent enfin les évêques.
L'Église souffre avec ceux qui souffrent
Le message souligne également la contribution de l'Église catholique à la résolution de la crise humanitaire en Éthiopie, affirmant que l'Église «continuera à intensifier ses efforts, car sa mission l'appelle à souffrir avec ceux qui souffrent, à partager les douleurs et les angoisses de l'humanité». Dans le cadre de cet effort, la CBCE annonce qu'elle va lever deux millions de dollars pour soutenir les personnes en crise.
Un cessez-le-feu possible
Le 20 décembre dernier, le chef du TPLF, Debretsion Gebremichael, avait annoncé aux Nations Unies avoir ordonné à ses forces de se retirer des régions d'Amhara et d'Afar et de se retirer jusqu'aux frontières du Tigré, suggérant ainsi les termes d'un éventuel cessez-le-feu. Le gouvernement central a ensuite repris le contrôle total des deux États fédéraux et, le 24 décembre, a ordonné à ses troupes de ne plus avancer dans le Tigré en attendant de nouveaux développements. Seuls des affrontements sporadiques ont été signalés depuis, ce qui, selon les analystes, pourrait être le signe de la volonté des deux parties d'entamer des négociations.
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