Mgr Pizzaballa : la Palestine doit redécouvrir la dignité de vivre en paix
Beatrice Guarrera - Bethléem
À Bethléem, la messe de minuit a été présidée par le patriarche latin de Jérusalem, S.B. Pierbattista Pizzaballa, entourés des frères franciscains gardiens du sanctuaire et de plusieurs membres du clergé de Terre Sainte. Le président palestinien Mahmoud Abbas était absent cette année ; en revanche, son Premier ministre, Mohammad Shtayyeh, a assisté à la célébration. Les autorités politiques locales et les membres du corps diplomatique d'Espagne, d'Italie, de France et de Belgique étaient également présents.
Beaucoup de fidèles à la messe mais pas de pèlerins
Contrairement à 2020, où l'accès à l'église Sainte-Catherine avait été restreint en raison de la pandémie, la célébration de cette année a été mieux suivie, notamment par les fidèles locaux. Les pèlerins manquaient cependant à l'appel, comme l'a également noté le patriarche dans son homélie, en rappelant l’importance de prier pour eux et pour ceux qui travaillent dans le secteur du tourisme : «Nous espérons qu'avec une action conjointe de la politique, de l'Église et des opérateurs touristiques, tant locaux qu'internationaux, nous pourrons trouver des moyens sûrs de reprendre cette activité, malgré la pandémie. C'est vraiment nécessaire», a-t-il insisté.
Écouter la voix de Dieu
La naissance de Jésus-Christ dans la grotte de Bethléem a changé l'histoire de l'humanité, a déclaré le patriarche: «elle a le pouvoir de changer nos vies et d'ouvrir de nouvelles perspectives même là où il semble que l'obscurité soit trop forte. De quelle manière? Pour vivre Noël, il est nécessaire d'entendre la voix de Dieu». Pour rencontrer Jésus, nous devons nous laisser guider par la voix de ses témoins, de ses envoyés. Dans son homélie, le patriarche latin de Jérusalem a passé en revue toutes les «voix» entendues dans le diocèse.
À Chypre, un pays également divisé par des murs, le patriarche a rappelé le sens de la patience, tel que défini par le Pape lors de sa récente visite sur l'île : «Cela ne signifie pas rester inerte, mais être disponible à l'action imprévisible de l'Esprit Saint, utiliser son temps pour valoriser l'écoute, accueillir ce qui est différent de soi», avait déclaré le pape François lors de son voyage apostolique à Chypre. «Écouter signifie faire de la place à l'autre; ce faisant, nous accueillons Jésus».
Noël, c'est voir l'autre comme un cadeau de Dieu
«Que ce soit un Noël d'espérance et de réconfort également pour notre Église jordanienne, a poursuivi le patriarche Pizzaballa, afin qu'elle continue à être toujours à l'écoute de la voix de l'Esprit, qu'elle n'ait pas peur de l'avenir, mais qu'elle reste ouverte et accueillante, vivante et pleine d'initiatives religieuses, pastorales et sociales». Mgr Pizzaballa a aussi parlé d'Israël en évoquant les «rumeurs inquiétantes» de divisions croissantes au sein de la société: «je me réfère en particulier à la crise de confiance qui s'est produite entre Arabes et Juifs, tous deux citoyens, tous deux habitants des mêmes villes. Cela nous rappelle que la coexistence ne se subit pas, elle se promeut. C'est toujours le résultat d'un désir sincère et réel, qui se construit concrètement». Il appartient donc à l'Église de soutenir les personnes et les initiatives visant à la communion, à l'accueil et au respect : «Noël, c'est aussi reconnaître et apprécier ceux qui savent voir l'autre comme un don de Dieu».
Paix pour la Palestine
Le patriarche s'est également exprimé sur la situation en Palestine: «Que pouvons-nous dire de ce pays, toujours en attente d'un avenir de paix qui ne semble jamais arriver ? La voix de la douleur de ce peuple est vraiment un cri assourdissant. Un peuple qui a besoin de faire l'expérience de la justice, qui veut connaître la liberté, qui est fatigué d'attendre d'être autorisé à vivre librement et dignement sur sa propre terre et dans sa propre maison, qui ne veut pas vivre uniquement de permis, en ce moment nécessaires pour entrer, sortir, travailler ou autres, nécessaires pour vivre. Nous n'avons pas besoin de concessions, mais de droits, et de la fin d'années d'occupation et de violence, avec toutes leurs conséquences dramatiques sur la vie de chaque personne et de la communauté en général, en créant de nouvelles relations dans lesquelles règne la confiance mutuelle, plutôt que la méfiance».
Faire de la place pour la Source de la vraie vie
C'est auprès des fidèles locaux, notamment ceux de la petite communauté de Gaza qu'il a visitée récemment, que le patriarche a appris ce que signifie la «résilience», en voyant comment ils font place à l'amour, à la solidarité, à la joie, même dans des conditions très difficiles. Certains d'entre eux, pour la première fois cette année, ont reçu des autorisations pour se rendre à Bethléem pour les festivités, en surmontant les barrières et les points de contrôle qui séparent les deux territoires. Quel est donc le véritable esprit de Noël selon le patriarche? «Faire de la place en soi pour la véritable Source de vie et être soi-même rempli de cette vie».
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