Des soldats de l'Armée de libération nationale Taaung, l'un des plus importants groupes rebelles de Birmanie, à Tangyan, le 11 janvier 2022. (AFP) Des soldats de l'Armée de libération nationale Taaung, l'un des plus importants groupes rebelles de Birmanie, à Tangyan, le 11 janvier 2022. (AFP) 

Face à l'escalade du conflit, l'Eglise birmane demande de prier pour la paix

L'archevêque de Mandalay, Mgr Marco Tin Win, a appelé tous les catholiques birmans à l’unité et à la prière. À ce jour, le conflit aurait provoqué la mort de plus de 1400 personnes, et fait des milliers de personnes déplacées.

Anna Poce, Claire Riobé – Cité du Vatican

Mgr Marco Tin Win, archevêque de Mandalay (2e plus grande ville du pays), a appelé le 12 janvier tous les religieux et laïcs catholiques birmans à prier pour la Birmanie. Dans un pays «déchiré par le Covid-19, la faim, la guerre civile et les tortures», les catholiques ne doivent pas perdre espoir et doivent garder une foi profonde en Dieu, a-t-il exprimé. 

L’archevêque birman, également membre du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, est l'une des seules personnalités publiques du pays à apporter ouvertement son soutien aux opposants pro-démocratie. Il a également appelé les fidèles qui le pouvaient à faire une heure d’adoration devant le Saint-Sacrement chaque samedi soir, et les a exhortés à célébrer l’Eucharistie le premier dimanche de chaque mois en demandant à ce que la paix revienne en Birmanie.

Escalade de la violence

Les libertés politiques, économiques et sociales qui avaient commencé à germer en 2011 dans le pays d’Asie du Sud-Est, ont brusquement été interrompues par le coup d’État militaire du 1er février 2021. Ces derniers mois, les combats se sont intensifiés entre l’armée gouvernementale et la résistance, composée de milices et d’un nombre croissant de civils.

Les violences dans les États Kayah, Chin et Karen, principalement chrétiens, ont contraint les fidèles birmans à quitter leur maison et chercher refuge au sein d’institutions ecclésiastiques. À ce jour, le conflit aurait provoqué la mort de plus de 1400 personnes, et fait des milliers de personnes déplacées.

La protection des enfants, une priorité absolue

Debora Comini, directrice régionale de l’Unicef pour l’Asie de l’Est et le Pacifique, a de son côté condamné, dans un communiqué de presse de l’organisation humanitaire du 12 janvier, le meurtre d’au moins quatre enfants la semaine dernière.

«Nous sommes particulièrement indignés par les attaques contre les enfants qui ont eu lieu au cours de cette escalade des combats dans tout le pays», a ainsi déclaré Debora Comini, ajoutant que «les parties au conflit doivent considérer la protection des enfants comme une priorité absolue et prendre toutes les mesures nécessaires pour que les enfants soient tenus à l’écart des combats et que les communautés ne soient pas utilisées comme cibles». «Cela, a-t-elle conclu, est exigé du droit international humanitaire et de la Convention sur les Droits de l’Enfance et de l’Adolescence, à laquelle la Birmanie est signataire».

 

Condamnation des attaques aériennes

Faisant part de sa profonde préoccupation face à l’escalade du conflit dans le pays, l’Unicef a également condamné l’utilisation d’attaques aériennes et d’armes lourdes dans les zones civiles.

Elle appelle la communauté internationale à «des actions urgentes pour assurer des enquêtes indépendantes sur ces incidents, afin que les responsables puissent être tenus pour responsables».

La protection des enfants, une priorité absolue

Au 3 janvier 2022, environ 192 300 personnes ont été signalées comme déplacées dans la région du Sud-Est de Birmanie, comprenant les Etats de Kayah, Karen, Mon et Tanintharyi. Selon un rapport des Nations-Unies en date du 11 janvier, environ 1 400 Birmans auraient perdu la vie depuis le coup d'Etat militaire, et 1 550 maisons et autres propriétés civiles, y compris des églises et des écoles, auraient été détruites.

Enfin, la lutte contre les civils et les manifestants pro-démocratie a entraîné plus de 1 000 morts et plus de 10 000 personnes en détention. «Quand cesseront les décennies de guerre civile au Myanmar ?», s’est demandé le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun, dans un appel lancé le 26 décembre dernier. «Quand pourrons-nous jouir d’une vraie paix, de la justice et de la vraie liberté? Quand cesserons-nous de nous tuer les uns les autres?»

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14 janvier 2022, 12:37