À Haïti, les évêques catholiques pressent les dirigeants du pays
Claire Riobé – Cité du Vatican
«Le peuple haïtien n’en peut vraiment plus. Il est fatigué, exténué, épuisé. Il en a assez de vivre dans des conditions de vie totalement aliénantes, humiliantes, inhumaines (…).» Le ton des évêques haïtiens, ce 2 février, interpelle par sa gravité. Le communiqué, signé de la plume des 10 prélats catholiques réunis en la conférence épiscopale haïtienne, intervient à «tournant irréversible de l’histoire du pays».
«L’heure n’est plus à la division»
Le 7 février prochain marquera la fin du mandat de l’ancien président, Jovenel Moïse, assassiné le 7 juillet dernier. Élu en 2017, il aurait dû laisser le pouvoir cette année, pour la tenue de nouvelles élections présidentielles. Les opposants à l’actuel premier ministre haïtien, Ariel Henry, exigent le départ de ce dernier à cette date particulièrement symbolique pour le pays. Mais Ariel Henry, qui a de facto pris la direction du pays ces derniers mois, a cependant refusé, arguant ces derniers jours qu'il était du devoir de son gouvernement d'organiser des élections présidentielles libres, et démocratiques.
«L’heure n’est plus à la division, à la désunion, au désaccord, à la discorde, aux luttes fratricides pour le pouvoir et à la recherche effrénée et éhontée d’intérêts personnels égoïstes et mesquins», écrivent dans leur communiqué les évêques. Face à la situation dramatique dans laquelle est plongée Haïti, la conférence des éveques haïtiens presse tous les protagonistes de la scène sociopolitique du pays de trouver «ensemble un consensus le plus large possible» pouvant conduire à une sortie définitive de la crise, «en vue de la reconquête de notre souveraineté et du relèvement d’Haïti».
«Nous faisons appel à la conscience et au sens de responsabilité de nos dirigeants afin qu’ils mettent tout en œuvre pour que l’ordre, la paix, la sécurité et le respect des vies et des biens soient largement rétablis et consolidés», demandent-ils.
7 février, un jour de dialogue, de consensus et de vérité historique
Les évêques s'adressent ensuite à l'ensemble du peuple haïtien. «(...) Nous devons conjuguer toutes nos forces, nos énergies, nos intelligences, nos ressources et travailler ensemble pour que le 7 Février soit un jour de dialogue, de consensus et de compromis historiques», exhortent-ils. Face à un pays au bord de l’abîme, ils implorent de nouveau les groupes armés de renoncer à la violence et aux enlèvements. «(...) Mettons le bien suprême de la Nation au-dessus de tout autre intérêt personnel pour éviter que notre pays ne sombre dans le chaos le plus total.»
À ce carrefour particulièrement dangereux et inquiétant de l'histoire haïtienne, la CEH implore enfin la Vierge Marie, afin qu'elle vienne en aide au peuple haïtien et l'épargne du pire.
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