Décès du cardinal Naguib, patriarche émérite des coptes catholiques
Vatican News (avec Fides)
«Il était pour nous tous un bon pasteur. Et pour moi aussi un père. Il m'a ordonné prêtre, et j'ai été le premier à recevoir de lui l'ordination épiscopale, en juin 1978, alors qu'il était évêque depuis quelques mois», se souvient avec émotion Anba Antonios Aziz Mina, évêque copte catholique émérite de Guizeh, à propos du cardinal Antonios Naguib, décédé dans la nuit du 27 au 28 mars, à l'âge de 87 ans. «Il venait de fêter son anniversaire il y a quelques jours, le 18 mars» rappelle-t-il aussi à l’agence Fides.
Le décès du patriarche émérite des coptes catholiques est survenu à l'hôpital italien du Caire, où il avait été admis dans l'unité de soins intensifs en raison de l'aggravation de son état de santé, liée à une insuffisance rénale.
Le parcours du cardinal égyptien est étroitement lié à celui de l'Église catholique copte - à laquelle appartiennent environ 250 000 baptisés - et des autres communautés chrétiennes - à commencer par l'Église orthodoxe copte, la plus nombreuse en Égypte – au cours de décennies mouvementées dans le pays.
Une formation entre l’Égypte et Rome
Antonios Naguib nait le 18 mars 1935 à Samalout dans l'Éparchie copte de Minya. Antun, comme il se faisait appeler avant son ordination sacerdotale, est le deuxième de sept enfants d'une famille profondément catholique. Son père est commerçant et sa mère se consacre entièrement à l'éducation de ses enfants, trois filles et quatre garçons. Marie-Georgette, l'aînée, est aujourd'hui supérieure générale de la congrégation des religieuses égyptiennes du Sacré-Cœur.
Après ses premières études à l'école des sœurs franciscaines du Cœur Immaculé de Marie à Beni-Suef, où vivait sa famille, il est admis au petit séminaire du Caire à l'âge de 9 ans. Il poursuit ensuite ses études au grand séminaire, d'abord à Tanta puis à Maadi, près du Caire, avant d’être envoyé au Collège Pontifical "de Propaganda Fide" en 1955 pour des études de théologie. En 1958, il retourne dans sa patrie d’origine pour faire son service militaire. Il est ordonné prêtre le 30 octobre 1960 à Minya.
Traducteur du Nouveau Testament en arabe
Après avoir été curé d'El-Fikryah, dans l'éparchie de Minya, il est renvoyé à Rome, où il obtient en 1962 une licence en théologie et un diplôme en sociologie religieuse, et en 1964 une licence en Écriture Sainte à l'Institut Biblique Pontifical.
À partir de 1964, il enseigne l'Écriture sainte au séminaire patriarcal de Maadi. Pendant de nombreuses années, il enseigne également la doctrine sociale de l'Église et collabore avec la Société biblique du Liban à la nouvelle traduction arabe commune du Nouveau Testament, à laquelle ont participé des biblistes catholiques, orthodoxes et protestants. Il écrit aussi de nombreux articles sur l'exégèse biblique pour des revues catholiques coptes et représente le Moyen-Orient au sein de la Fédération biblique catholique.
Attentif à la formation religieuse et aux pauvres
Le 26 juillet 1977, il est élu évêque de Minya, pour les coptes catholiques. Comme devise épiscopale, il choisit «Veritas, Caritas» («Vérité, Charité»). La formation des prêtres devient immédiatement l'une de ses priorités. Il institue donc des journées de retraite mensuelles et des retraites spirituelles annuelles, ainsi qu'une session de formation permanente à laquelle tous les prêtres de l'Église patriarcale copte sont invités à participer. Il met en place des conférences sur la formation religieuse et l'apostolat, ainsi que des cours d'instruction religieuse pour les laïcs. Les fruits ne tardent pas à se faire sentir, notamment dans le domaine des vocations sacerdotales et de la vie consacrée. Convaincu également de l'importance des institutions éducatives pour une coexistence pacifique, il créé trois écoles catholiques dans son diocèse, ouvertes aux élèves chrétiens et musulmans.
Il se montre particulièrement attentif aux besoins de son peuple. Il créé notamment de petits centres sociaux dans les villages du diocèse, qui bénéficient aux chrétiens comme aux musulmans, sans aucune discrimination. Il accorde une attention particulière au monde rural, au point de lier son diocèse à la Fédération internationale des mouvements des adultes ruraux catholiques: dès lors, Minya représente le Moyen-Orient au sein de cette organisation. Toujours dans le domaine du développement et du service social, il encourage la création d'un groupe d'apostolat dédié aux nécessiteux et aux souffrants. Cette mission commence auprès des prisonniers et de leurs familles, puis s’étend à d'autres groupes, notamment les sourds-muets, les aveugles, les mères célibataires et les handicapés.
Reconduit dans ses fonctions
Des problèmes de santé le contraignent à une pause pastorale entre le 9 septembre 2002, date à laquelle il renonce à gouverner le diocèse de Minya, et le 30 mars 2006, lorsqu’il est élu patriarche d'Alexandrie des coptes par le synode des évêques de l'Église catholique copte. Le Saint-Père Benoît XVI lui accorde la communion ecclésiastique le 7 avril suivant.
Le 18 mars 2010, ayant atteint l'âge de 75 ans, il présente sa démission de la fonction de patriarche au synode patriarcal, mais l'assemblée lui demande à l'unanimité de continuer sa mission. En tant que patriarche d'Alexandrie des coptes, il était à la tête du synode de l'Église catholique copte et président de l'assemblée de la hiérarchie catholique d'Égypte.
Il est rapporteur général lors de l'assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des évêques, qui s'est tenue au Vatican du 10 au 24 octobre 2010.
En janvier 2013, le synode des évêques de l'Église copte catholique, après avoir consulté le Saint-Père, accepte sa démission de la fonction de patriarche d'Alexandrie des coptes.
Il est créé cardinal par Benoît XVI au consistoire du 20 novembre 2010. N’ayant alors pas encore atteint la limite d’âge de 80 ans, le cardinal Antonios Naguib a participé au conclave de mars 2013, qui a élu le Pape François.
Après le décès du cardinal Naguib, le Collège cardinalice se compose de 211 cardinaux, dont 119 électeurs et 92 non-électeurs.
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