Au Sri Lanka, les évêques alertent sur la faillite de l'Etat

Claire Riobé - Cité du Vatican

«Tous les gouvernements qui se sont succédé jusqu'à présent sont responsables, à des degrés divers, de l'état actuel des choses», a déclaré ce jeudi 31 mars la Conférence épiscopale sri lankaise, à l'issue d'une réunion des évêques, organisée dans la capitale, Colombo. Alors que le Sri Lanka fait face à la plus grave crise économique qu'elle ait jamais connue, les habitants s'attendent à des coupures de courant record de 13 heures et jusqu'en mai prochain, annoncées par le gouvernement.

«Le pays s'approche rapidement du précipice d'un État en faillite qui infligera dans son sillage des blessures irréversibles à la population», expriment les évêques dans un communiqué. «Le gouvernement actuel ainsi que ceux de l'opposition [...] doivent adopter une approche conciliante et non conflictuelle», ont-ils également noté, demandant à ce dernier de ne pas «jouer au jeu des reproches».

La pénurie de devises étrangères que connait le pays depuis plusieurs années, accentuée par la crise sanitaire, a provoqué une chute des importations et entraîné une pénurie de produits essentiels pour la population. Les prix des carburants a régulièrement augmenté ces derniers mois, atteignant une hausse de 92% pour l'essence, et de 76 % pour le diesel, depuis le début de l'année 2022. Les denrées alimentaires ont augmenté de 25% au mois de février, et les coupures d'électricité se sont multipliées, atteignant près de 13 heures consécutives ces derniers jours. Une crise subie de plein fouet les 22 millions d'habitants de l'ile.

Au Sri Lanka, où les catholiques romains représentent environ 6 % de la population, l'Eglise a traditionnellement pour habitude de s'exprimer sur les enjeux sociétaux, religieux ou économiques que connait le pays. La parole de la Conférence épiscopale, présidée depuis 2017 par Mgr Julian Winston Sebastian Fernando, est ainsi particulièrement respectée des dirigeants, à plus de 70% bouddhistes.