En Centrafrique, ouverture du tout premier procès de la Cour Pénale Spéciale
Entretien réalisé par Claire Riobé - Cité du Vatican
Sa mise en oeuvre n'était pas sans obstacle: la Cour Pénale Spéciale (CPS), créée en 2015 pour juger les crimes les plus graves commis en Centrafrique depuis 2003, débute enfin son activité après sept ans d'attente. Sa mise en oeuvre, longue et laborieuse, accusée par certains d'une certaine opacité, représente pourtant une initiative d'exercice de la justice sans précédent en Centrafrique. Et marque le glas de l'impunité qui a caractérisé les crimes successifs de groupes rebelles contre la population.
Cette cour, composée de magistrats à la fois centrafricains et internationaux, notamment de France, du Congo et de RDC, a été mise sur pied par le gouvernement avec le parrainage de l'ONU. Ses travaux ont été lancés en octobre 2018 avec les premières enquêtes.
Conflit entre pouvoir central et coalition rebelle
La Centrafrique, deuxième pays le moins développé au monde selon l'ONU, a été plongé dans une guerre civile après un coup d'État en 2013. Bien que le conflit ait considérablement baissé d'intensité depuis 2018, des pans du territoire continuent actuellement d'échapper au pouvoir central, qui se bat contre de puissants groupes rebelles tels que celui, peul, du 3R (Retour, Réclamation, Réhabilitation).
Il y a plus d'un an, le gouvernement a reçu le renfort de centaines de paramilitaires russes, des «mercenaires» de la compagnie Wagner, venue aider à combattre les rebelles. La société privée est cependant régulièrement accusée par l'ONU et des ONG sur place d'instrumentaliser les clivages communautaires, et d'être responsable d'exactions envers les civils.
Inauguration du procès
Le premier procès de la CPS, prévu le 19 avril et renvoyé au 16 mai, va se pencher sur les meurtres des villages de Lemouna et Koundjili, où plus de 40 civils ont été massacrés en mai 2019 par des rebelles du mouvement 3R. Trois auteurs présumés doivent notamment être entendus: Bozizé, Yaouba Ousmane et Mahamat Tahir, accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
L'ouverture du procès, jour symbolique et particulièrement attendu des Centrafricains, suscite de nombreux espoirs. Le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui (capitale), revient sur ce qu'il qualifie de «tournant majeur» pour la Centrafrique.
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