Le JRS Nigeria au plus près des besoins des personnes déplacées
Benedict Mayaki, SJ – Cité du Vatican
Ces dernières années, le Nigeria a livré une bataille permanente contre l'insécurité, alimentée par un extrémisme religieux violent, principalement lié à Boko Haram, et par les activités de «bandits» responsables de raids dans les villages, d'enlèvements et de meurtres. La violence, principalement concentrée dans les régions du nord et du centre du pays, a entraîné la mort de dizaines de milliers de personnes, en a déplacé des millions et a porté un coup dur à la nation, en affectant l'éducation, l'accès aux soins, la religion et d'autres activités socio-économiques.
Tandis que le gouvernement nigérian et les services de sécurité continuent à travailler pour faire face à la situation, le Service jésuite des réfugiés (JRS) -une organisation catholique internationale dont la mission est d'accompagner, de servir et de défendre les réfugiés et les personnes déplacées de force- oriente ses ressources pour répondre aux besoins des populations rendues vulnérables par l'insécurité.
Création du JRS Nigeria
Le directeur national du JRS pour le Nigeria, le père Patrick Etamesor SJ, souligne la raison de la création de la branche nigériane du JRS et le travail en cours du service des réfugiés géré par les jésuites dans le pays. Le JRS Nigeria a été créé en 2018 comme une «réponse claire aux besoins et aux préoccupations qui prévalaient à travers le pays à l'époque et qui le sont toujours», pointant du doigt l'insurrection dans le nord-est du Nigeria et d'autres problèmes sociaux.
Face à la situation, le provincial de la province d'Afrique du Nord-Ouest de la Compagnie de Jésus, dont relève le Nigéria, a souligné ces besoins au directeur international du JRS, le P. Tom Smolich SJ, qui a mis en place des plans pour s'assurer que le JRS forme une réponse pour répondre aux besoins des personnes souffrantes et déplacées dans le pays.
Le JRS a été fondé en novembre 1980 par le supérieur général des Jésuites de l'époque, le père Pedro Arrupe SJ, en réponse à la détresse des réfugiés vietnamiens fuyant leur pays ravagé par la guerre. Aujourd'hui, le JRS a des programmes dans plus de 50 pays du monde entier, au Proche-Orient, en Europe, en Afrique, en Amérique latine et en Asie.
Le travail du JRS Nigeria
Le directeur national du JRS note que le contexte du travail de l'organisation au Nigeria est «vaste et en même temps très complexe», car il couvre également une grande zone géographique. Dans le nord-est, où les activités des insurgés ont été davantage signalées, il affirme que le JRS fait de son mieux pour être fidèle à sa devise (accompagner, servir et défendre) en servant les personnes déplacées à l'intérieur du pays et en répondant à leurs besoins, notamment en offrant des services éducatifs (rénovation d'écoles, formation d'enseignants), en promouvant l'entreprenariat social et le travail de plaidoyer dans le domaine de la violence sexuelle et sexiste et de la protection des enfants.
Le nord-ouest du pays, quant à lui, a connu de nombreux cas d'enlèvements et de banditisme, et est également un point d'attention du JRS. Il y a également un nombre croissant de personnes déplacées dans la région.
Pour mettre la situation en perspective, le père Etamesor indique que selon l'UNICEF, on estime que 12,8 millions de personnes ont été affectées par la crise dans le nord-est et le nord-ouest du Nigeria, et que sur ce nombre, 2,3 millions ont été déplacées.
Le père Etamesor insiste sur le fait que le JRS «va là où se trouvent les personnes dans le besoin» (dans les communautés d'accueil ou des camps) et tente d'apporter une bonne réponse malgré le défi que représentent leurs besoins multiples auxquels aucune organisation ne peut répondre entièrement.
Nécessité d'une réponse multidimensionnelle
S'appuyant sur son expérience de travail avec le JRS et sur son contact direct avec la situation des personnes déplacées, le père Etamesor recommande une réponse à plusieurs volets pour relever le défi multiforme auquel est confrontée la région nord du Nigeria.
Le prêtre jésuite insiste sur le fait qu'une action militaire ou l'octroi d'une aide humanitaire, en tant que réponses spécifiques, ne seront pas suffisantes pour répondre à la crise sécuritaire. Et même si «parler haut et fort aide toujours», cela ne suffit pas non plus à répondre aux besoins. Il faut plutôt, souligne-t-il, assurer une réponse coordonnée des acteurs politiques, gouvernementaux, humanitaires, religieux et du développement. Cette réponse devrait également comporter une dimension économique, notamment en orientant les fonds vers la région et en veillant à ce qu'ils soient correctement dépensés.
«Ce n'est que lorsque tous ces différents secteurs s'uniront», souligne le père Etamesor, «que nous pourrons commencer à voir comment tracer une voie pour sortir des différents conflits multiformes que connaît actuellement le pays.»
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