Migrants: l’espoir d’une prise de conscience chez les Maltais
Entretien réalisé par Xavier Sartre – La Valette
Lors de ce voyage apostolique axé sur l’accueil, il a été beaucoup question des migrations et de l’accueil des personnes qui tentent de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Le Pape a abordé le sujet à chacun de ses rendez-vous, que ce soit devant les autorités, à la grotte de saint Paul, lors de la rencontre de prière au sanctuaire de Ta’Pinu ou bien sûr lors de la visite au centre pour migrants du Peace Lab, avant son départ de l’archipel.
Cette question et la visite faite à l’Église de Malte, l’une des plus anciennes d’Europe, sont les deux points sur lesquels revient le père Oliver Borg Olivier, jésuite ayant passé 47 ans au Proche-Orient et collaborant maintenant dans son pays, à Malte avec le JRS, le service jésuite pour les réfugiés. Il a lui-même abordé la question de l’accueil dimanche matin, lors du traditionnel entretien du Saint-Père avec ses frères de la Compagnie.
C’est vrai, Malte est accueillante, Les Maltais de nature sont accueillants. Mais comme l’a aussi rappelé le Pape, il y a parfois un accueil qui fait des distinctions. Il y a un peu de racisme qui monte, pas seulement à Malte, mais aussi en Europe. Avec la crise en Ukraine, Malte a tout de suite ouvert ses bras aux Ukrainiens (…). Mais en même temps, le jour où les autorités parlaient de l’accueil des réfugiés, il y avait un bateau avec 106 migrants que Malte a refusé, et qui sont arrivés aujourd’hui vers la Sicile.
On a vu le Pape dans un centre d’accueil pour réfugiés. C’est un centre ouvert, mais malheureusement on n’a pas vu la situation dans les centres, qui sont pires que les prisons.
Le Pape dans son dernier discours a parlé très clairement de la façon inhumaine de traiter les réfugiés, les immigrés, parfois en les exploitant avec la complicité des autorités.
Mon père, un autre aspect de ce voyage est l’Église de Malte. Les paroles du Pape ont-elles pu réveiller les consciences des catholiques maltais?
Il faut l’espérer. Je crois que les Maltais écoutent la parole du Pape François, qui est très aimé à Malte. Mais ce qu’il faut espérer, c’est que ce ne soit pas un feu de paille, un peu d’enthousiasme parce qu’il a suscité des sentiments, puis on l’oublie assez vite. Mais je crois qu’il y a une soif: ceux avec qui j’ai parlé sont très touchés, aussi par son franc-parler, car il est très direct quand il parle.
Pensez-vous que ces deux aspects, que ce soit l’accueil des migrants et le fait d’être en accord avec sa propre foi, sont liés?
Bien sûr. Si nous disons que nous croyons en Jésus-Christ, et que nous Le suivons, que nous croyons que Dieu est un Père d’amour, et que nous-mêmes nous le pratiquons pas, surtout vis-à-vis de l’étranger qui est dans le besoin, de quel foi s’agit-il?
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