Titus Brandsma, un saint contre les «fake news»
Porpos recueillis par Gudrun Sailer - Cité du Vatican
Madame l'ambassadrice, quelle est la place de Titus Brandsma aujourd'hui dans la société néerlandaise sécularisée ?
Titus Brandsma est un homme aux multiples talents. En tant que prêtre, il était inspiré par Thérèse d'Avila, carmélite et sainte, et avait une attitude extrêmement positive envers la vie. En tant que penseur, philosophe et mystique, il a apporté une contribution intellectuelle au débat social. En tant que professeur et recteur de l'Université catholique de Nimègue, fondée en 1923, il a contribué à l'émancipation catholique aux Pays-Bas. Et comme journaliste, il a été actif en paroles et certainement en actes contre l'idéologie nationale-socialiste et les lois raciales de Nuremberg. Il défendit la liberté de la presse et rendit visite aux journaux catholiques pour leur demander de cesser leur propagande. Rétrospectivement, tous ces aspects ont certainement fait de lui un héros particulier de la résistance. Son courage et sa persévérance en inspirent beaucoup dans le monde entier et certainement aussi aux Pays-Bas. Car la foi, l'espérance et l'amour - des qualités que Titus incarnait - ne sont pas seulement importants pour les catholiques, les chrétiens ou les croyants, mais pour tous les hommes de bonne volonté.
Les saints sont souvent lus comme des figures héroïques . C'est aussi le cas de Titus Brandsma. Pourtant...
Ce qui est intéressant chez Titus Brandsma, c'est qu'il a été courageux. Il a fait de la résistance. Il a fait des choses très concrètes, mais de manière non-violente. C'est une personnalité forte qui a eu un rôle dans la résistance - mais sans violence.
L'ambassade des Pays-Bas auprès du Saint-Siège organise un colloque sur Brandsma et la liberté de la presse avant la canonisation. Brandsma a été l'un des premiers opposants aux nazis et l'un des plus intransigeants. Il a été assassiné à Dachau en 1942, principalement en raison de son activité journalistique. Que nous dit aujourd'hui ce nouveau saint sur la liberté de la presse ?
Les priorités de l'ambassade des Pays-Bas auprès du Saint-Siège sont la paix et la sécurité, l'État de droit et la justice, le climat et l'environnement ainsi que les droits de l'homme, dont la liberté d'expression et la liberté de la presse font partie. Ce colloque porte sur l'époque où Titus vivait et travaillait, où il s'opposait à un occupant impitoyable et où il a été assassiné, mais aussi sur ses réalisations en tant que journaliste et sur sa résistance au troisième Reich, avec une référence particulière à Edith Stein. Mais c'est aussi l'occasion d'examiner la pertinence sociale actuelle de ce que Titus Brandsma représentait. C'est pourquoi le colloque se terminera par une table ronde avec plusieurs membres de l'Association des journalistes du Vatican sur les défis du journalisme et la recherche de la vérité à l'ère des fake news et des médias sociaux.
La différence entre les bienheureux et les saints est que les bienheureux sont dignes de vénération pour leur Église locale respective ou leur communauté religieuse. Les saints sont vénérés dans l'ensemble de l'Église universelle. En ce sens, dans quelle mesure le Néerlandais Titus Brandsma est-il un modèle pour l'ensemble du monde catholique ?
Les valeurs promues et incarnées par Titus Brandsma sont l'engagement social, l'inclusion, l'amour contre l'injustice, l'hostilité et l'inégalité, et le courage face au mal. Ces valeurs transcendent la géographie et la religion. J'irais donc encore plus loin que ce que votre question implique. Brandsma n'est pas seulement un exemple et une source d'inspiration pour les catholiques du monde entier, mais aussi pour les personnes, quel que soit leur contexte religieux ou non. Et d'autant plus à notre époque.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici