Méditation de l'Ascension C: "Pourquoi restez-vous à regarder vers le ciel ?"
Célébrer l’Ascension – comme de nombreux pays le font ce dimanche – signifie : accueillir la présence du Ressuscité dans nos vies. Une telle affirmation peut étonner car nous savons bien que l’Ascension est un départ : les yeux des disciples n’auront plus la possibilité de voir Jésus Ressuscité parmi eux. Mais ce départ ne veut pas dire absence : les disciples entrent dans un temps où ils se préparent à recevoir l’Esprit qui les lancera dans le monde entier pour témoigner de la présence du Ressuscité.
Les Evangiles nous rapportent combien il a été difficile aux disciples d’accepter la Résurrection. Puis ils nous disent l’étonnement et la joie des disciples, une joie à nulle autre pareille … une joie où entre la fascination. Ce Jésus Ressuscité, ils souhaiteraient qu’il reste avec eux jusqu’à l’apothéose que serait le rétablissement du royaume pour Israël. Et voilà que la fin du monde, qu’ils percevaient tout proche, n’arrive pas. Ou plutôt : cette fin du monde n’arrive pas comme ils l’avaient rêvée. Ce qui arrive, c’est autre chose : en Jésus mort et ressuscité, les croyants changent radicalement leur manière de regarder le monde, et ils font cette expérience génération après génération. Un tel bouleversement n’est possible que si le Ressuscité se soustrait à leurs regards, à leur désir d’avoir le Ressuscité « à portée de main » (pour ne pas dire « sous la main »). L’Ascension, c’est bien cela : nous ouvrir à la présence d’un Ressuscité que nous ne possédons pas, et qui nous envoie dans le monde entier, à toutes les époques, pour témoigner de la présence de ce Jésus ressuscité au cœur de nos existences.
L’évangile de Luc proclamé en cette fête de l’Ascension est solennel et sobre. Solennel, car il contient un impressionnant envoi en mission (annoncer la conversion, au nom de Jésus, pour le pardon des péchés) et aussi une généreuse promesse (le don de l’Esprit). Sobre, car le texte se borne à dire sans emphase que Jésus se soustrait aux regards des disciples alors qu’il est emporté au ciel. Avec cette sobre solennité, l’Eglise se met en route. Les disciples n’auront pas à faire adhérer les foules à un Jésus dont ils auraient à vanter les qualités de guérisseur et de maître de sagesse, mais ils auront à témoigner de la manière dont le Ressuscité appelle tout être humain à la conversion du cœur et à une vie nouvelle. Le début du livre des Actes des Apôtres, que nous lisons aussi en ce jour, rapporte avec plus de détails ce que le texte de l’Evangile ne fait qu’esquisser. Il nous est rapporté que deux hommes en vêtements blancs rejoignent les disciples pour leur dire : « Galiléens, pourquoi restez-vous à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ». L’Ascension sort les disciples de la fascination devant le Ressuscité et les fait entrer dans l’émerveillement devant la présence de Jésus, mort et ressuscité, dans leur itinéraire de vie, et dans l’itinéraire de vie de tout être humain.
Un tel message, reconnaissons-le, est parfois difficile à accueillir – et il est peut-être particulièrement dur à entendre pour nous aujourd’hui lorsque nous pensons aux nombreuses guerres et violences qui ravagent le monde, aux souffrances dont nous sommes témoins dans nos pays, nos familles, nos communautés, nos voisinages. Nous voyons aussi combien les appels à être les témoins de ce Ressuscité qui dit si souvent « Paix à vous » se heurtent à la résistance que leur oppose la dureté de nos cœurs. Et pourtant des hommes, des femmes et des enfants, connus ou anonymes, continuent à lancer de tels appels à servir la paix et la justice, et se mettent à l’œuvre sans relâche.
Puissions-nous être nous-mêmes de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants !
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