Le patriarche Raï exhorte les Libanais à voter en masse aux élections
Lisa Zengarini - Cité du Vatican
Les élections législatives libanaises, prévues le 15 mai 2022, sont particulièrement attendues au sein du pays comme sur la scène internationale. Beaucoup espèrent qu'elles permettront de renouveller une classe politique de plus en plus contestée, et d'apporter des solutions concrètes aux multiples crises, économique, financière et sociale, que traverse le Liban.
À l'approche du scrutin, le patriarche maronite Béchara Boutros Raï a exhorté les citoyens libanais à voter en grand nombre, soulignant que ces élections leur donnent l'occasion de dire au monde le genre de pays auquel ils aspirent.
Les citoyens veulent un Liban libre et neutre
S'exprimant lors de la messe dominicale du 1er mai, au sanctuaire de Notre-Dame de Harissa, le cardinal Raï a fait remarquer que la majorité des Libanais souhaitaient «un Liban libre, démocratique et neutre ; un Liban avec une identité historique, fondé sur la justice et l'égalité avec une armée et des institutions constitutionnelles», et désiraient «vivre et prospérer dans une économie libre».
C'est pourquoi tous les citoyens libanais doivent faire usage de leur droit de vote «pour dire au monde quel Liban ils veulent», a-t-il indiqué, et affirmer qu'ils rejettent tout dessein géopolitique visant à mettre le pays sous tutelle étrangère et à réduire sa pleine souveraineté. Ces dernières années, le cardinal Raï a plaidé avec insistance pour la neutralité du Liban, demandant que le pays puisse préserver son indépendance et son multiculturalisme.
Le patriarche maronite a également appelé à une campagne électorale pacifique et ordonnée, exprimant son inquiétude face aux tensions internationales et régionales croissantes. Ces dernières, notamment le long de la frontière sud avec Israël, pourraient en effet affecter la stabilité sociale précaire des habitants à la veille du scrutin.
Des élections cruciales pour le Liban
Ces élections législatives seront les premières depuis que des centaines de milliers de Libanais sont descendus dans la rue, en octobre 2019, pour protester contre la détérioration des conditions économiques, la corruption endémique et la mauvaise gouvernance du pays.
Le taux de participation jouera un rôle également décisif, car le prochain Parlement devra élire un nouveau président pour succéder à Michel Aoun, dont le mandat de six ans prendra fin en octobre 2022.
Augmentation de la pauvreté
Le vote intervient alors que le Liban est en proie à une grave récession financière, causée par des décennies de corruption et de mauvaise gestion. La livre libanaise, enfoncée dans une dépréciation qui ne semble pas finir, a perdu plus de 90 % de sa valeur en trois ans. Cette situation a fait exploser les prix des denrées alimentaires et des produits de base, et plongé 78 % de la population dans la pauvreté.
La crise économique s'est considérablement aggravée après l'épidémie de Covid-19 et l'explosion massive dans le port de Beyrouth le 4 août 2020, qui a fait plus de 200 morts, des milliers de blessés et des milliards de dégâts. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a également exacerbé la précarité alimentaire dans le pays.
Les évêques français de passage au Liban
Dans ce contexte dramatique, une délégation d'évêques français se rendra le 8 mai prochai au Liban afin de témoigner de la proximité et du soutien de l'Église de France au peuple et aux Églises libanaises.
La délégation, conduite par Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France (CEF), rencontrera les patriarches libanais, les communautés religieuses locales et les personnes en difficulté.
La délégation verra également les patriarches maronite, melkite, syriaque et arménien, ainsi que les évêques représentant les églises chaldéenne et latine au Liban, de même que le nonce apostolique, Mgr Joseph Spiteri, et l'ambassadeur de France dans le pays. Les évêques français visiteront également des écoles et des installations soutenues par des organisations caritatives catholiques, des communautés religieuses, ainsi qu'un camp de réfugiés de chrétiens palestiniens.
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