À Lourdes, les médias catholiques s’interrogent sur le monde de demain
Jean Charles Putzolu – Lourdes, France
Revenir à l’essentiel, se concentrer sur ce qui sera strictement nécessaire dans le monde de demain et le communiquer dans une intelligence commune; telle est cette année la ligne de réflexion proposée aux médias catholiques, autour du thème «À quoi tenons-nous vraiment pour bâtir le monde de demain». Au fil des interventions, il apparaît que la plupart des éléments de réponse sont contenus principalement dans deux documents du Magistère de François, les deux encycliques Laudato si' et Fratelli tutti. Deux textes au service du communicateur qui, comme le disait sainte Bernadette, est «chargé de dire» et pas nécessairement «de faire croire». Cependant, il est urgent de dire et, parallèlement, en matière de sauvegarde de la création, il est urgent d’agir. Ainsi le média chrétien se pose la question de son rôle dans ce double enjeu: doit-il se limiter au récit des faits ou doit-il se risquer à une communication militante?
Le constat sombre dressé par l’économiste Catherine Mathieu met en lumière l’urgence de l’action, et donc d’une forme de militantisme. Les indicateurs économiques de sortie de pandémie tendent à montrer que le dit monde d’après ressemble comme deux gouttes d’eau au monde d’avant, que chaque pays tente sa propre sortie de crise sans tenir compte d’une indispensable solidarité avec les États et les populations plus vulnérables. Le «personne ne se sauvera seul» du Pape François n’a, semble-t-il, pas été entendu.
Une presse différente
«Faut-il changer de récit?» se demande Séverin Husson, journaliste du économie au quotidien La Croix. Le journal se met en question quotidiennement sur sa façon d’aborder les sujets relatifs à la transition écologique, évitant de répandre un sentiment de peur, mais par une forme de pédagogie. D’autres médias chrétiens ont mis en place dans leurs rédaction des «médiateurs écologiques» chargés précisément d’amener les différents services et rédactions à écrire ou raconter l’écologie à partir du terrain, des expériences individuelles ou collectives, comme autant de petit tasseaux qui, mis ensemble, jettent les bases du monde de demain débarrassé des paramètres de moins en moins représentatifs de la réalité des individus et des familles, que sont les indicateurs de croissance et de PIB, même si aucun nouveau modèle économique alternatif applicable au niveau d’une nation n’a pour l’instant été dessiné.
Par ailleurs, les espérances nées de la pandémie, celles d’un autre monde possible respectueux de l’humain et de l’environnement, ont été rapidement balayées par un autre événement: l’invasion de l’Ukraine, dont les conséquences, entre autres, sur le prix de l’énergie ont déplacé le débat public vers d’autres priorités et éloigné les objectifs de développement durable. Dans ce contexte, «armée» des encycliques pontificales Laudato si' et Fratelli tutti, la presse catholique peut apporter une réponse et proposer un «monde désirable», précisément à travers un changement de récit.
Médias et enjeux internationaux
Pour Jérôme Chapuis, directeur de la rédaction de La Croix, le journaliste est «confronté à un monde complexe». Il est par ailleurs noyé sous une masse d’information qu’il a de plus en plus de difficulté à «ingérer», d’où la nécessité d’opérer des choix qui offriront au lecteur des clés de lecture pour comprendre le monde: «Quand l'on évoque la question climatique, nous devons la regarder avec le cœur de la perspective chrétienne qu’est l’espérance», remarque le directeur de la rédaction du quotidien catholique français, soulignant l’importance d'un journalisme de qualité, et concluant que «la manière dont nous parlons du monde a bien des conséquences».
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