Mgr Ulrich, l'expérience de l'épiscopat au service de l'Église parisienne
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
C’est la troisième fois que Mgr Laurent Ulrich participe à la messe de la solennité des saints Pierre et Paul en la basilique Saint-Pierre. La première fois fut pour recevoir le pallium des mains de Jean-Paul II quand il fut nommé en 2000, archevêque de Chambéry. La deuxième, en 2008 avec Benoît XVI après sa nomination à Lille. Cette fois, c’est en qualité d’archevêque de Paris. C’est dire si Mgr Ulrich a l’expérience de ces rendez-vous. Certes, il ne recevra formellement le pallium que plus tard, des mains du nonce apostolique en France, comme le Pape François l’a décidé au début de son pontificat.
Un diocèse blessé
Cette expérience lui sera utile à Paris. C’est sans doute pour cela aussi qu’il a été choisi pour succéder à Mgr Michel Aupetit, éclaboussé par un scandale, et qui a remis sa démission à François. Dans un diocèse blessé par cette affaire, Mgr Ulrich aura beaucoup à faire pour guérir les âmes et restaurer la stabilité et la concorde. Sa nomination «est l’appel à un homme d’expérience», reconnaît-il. «Cela fait vingt-deux ans que je suis évêque. Je crois, je le dis avec simplicité, avoir appris beaucoup de ces années d’épiscopat, du contact avec le peuple de Dieu, et avoir appris que tout le peuple de Dieu a sa responsabilité dans l’annonce de la parole du Seigneur».
Pour mener à bien cette mission délicate, Mgr Ulrich entend d’abord entrer en contact avec les prêtres, l’ensemble du peuple de Dieu, toutes celles et ceux, laïcs ou non, qui travaillent, chacun à son niveau, pour le diocèse et s’impliquent dans la vie de l’Église. Il veut «prendre au sérieux chacun de ces groupes, les aider à s’écouter et à se parler mutuellement et à penser qu’aucun d’eux n’est dominant, mais que chacun participe à l’annonce de l’Évangile par sa cohésion et son désir de communion».
Un poste particulier
Au-delà du contexte particulier dans lequel il est arrivé fin avril, Mgr Ulrich est bien conscient de la singularité du poste d’archevêque de la capitale française. «Manifestement, je n’exercerai pas le ministère d’archevêque de Paris tout à fait dans les mêmes conditions que dans les deux responsabilités précédentes, à Chambéry et à Lille». «L’archevêque de Paris est un peu dans la mire dans la société française, et probablement un peu au-delà», reconnaît-il, précisant qu’il ne cherche pas à être dans la lumière. Mais cette fonction particulière le mettra au contact du personnel politique national et de gens du monde entier, ce qui n’était pas forcément le cas dans ses précédents diocèses.
La parole de l’archevêque de Paris, plus exposé donc que ses frères dans l’épiscopat, est, elle aussi, attendue ou sollicitée. «Il ne faut pas renoncer à dire le fond de ce qui motive nos propres positions, c’est-à-dire la conception de l’homme que nous avons, celle d’un homme qui a une autonomie et qui sait qu’il reçoit tout de la vie comme un don de Dieu, qu’il n’est pas l’inventeur de sa propre vie, qu’il l’a reçue, qu’il la reçoit tous les jours et qu’à travers sa vie il peut rendre grâce à Dieu et rendre témoignage aux bienfaits que Dieu veut pour l’humanité».
Dans une société largement sécularisée et de plus en plus indifférente au fait religieux, où l’Église n’est plus en mesure «d’imposer» cette conception, les catholiques doivent être comme «des veilleurs», en mesure de dire ce qui leur paraît important dans la conception de la vie.
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