Au Soudan du Sud, les chrétiens dans l'attente de la visite du cardinal Parolin
Francesca Sabatinelli – Rumbek, Soudan du Sud
La paix au Soudan du Sud doit être promue et vécue en actes. C’est pourquoi le Pape François y envoie, du 5 au 7 juillet, son représentant, le cardinal Secrétaire d’État Pietro Parolin, qui visitera la capitale Juba, après un passage en République Démocratique du Congo.
Le pays a besoin d’être encouragé et soutenu dans le fragile processus de paix en cours après la guerre fratricide qui, de 2013 à 2018, a provoqué des milliers de morts et des millions de déplacés. «Le cardinal Parolin arrive à un moment important», confirme ainsi l’évêque de Rumbek, le combonien Christian Carlassare. «Même si le Pape n’a pas pu être présent avec sa visite pastorale, il faut quand même promouvoir cette paix qui a été signée, mais qui doit être vécue. Il faut aller de l’avant». Le cardinal Pietro Parolin rencontrera dans cette optique les dirigeants politiques pour leur apporter le soutien du Pape, afin qu’ils amènent le Soudan du Sud à une sortie de crise, dans le respect de l’armistice signé en 2018 par le président Salva Kiir et son vice-président Riek Machar.
Un moment propice pour la paix
Mgr Carlassare a été nommé évêque du diocèse de Rumbek (à 410 kilomètres de Juba) le 8 mars 2021. En prévision de la venue du Pape, il avait lancé avec une centaine de jeunes un pèlerinage à pied depuis son diocèse jusque la capitale. La visite du Secrétaire d’Etat intervient à un moment propice pour les autorités, estime-t-il. «Les institutions sont très favorables à la paix: il y a une volonté, mais les blessures restent ouvertes. Les déplacés et les réfugiés ne sont pas encore rentrés dans leurs territoires. Beaucoup d’entre eux sont encore peu sûrs en raison de la présence de tribus ennemies, de l’impossibilité de se réintégrer, mais aussi de la présence de nombreuses armes et milices».
À ce jour, le Soudan du Sud nécessite ce que lui appelle «une paix d’en bas»: celle menée par la population, et que les institutions des différents États du pays n’ont pas été en mesure de mettre en œuvre. «Il faut s’arrêter et faire confiance, ajoute-t-il, en laissant de côté la violence des années précédentes, même s’il n’est pas facile de tourner la page».
Le rôle de l’Église et des ONG
Revenant sur la place de l’Église catholique dans le pays, Mgr Carlassare souligne que l'institution a aujourd’hui «le don d’être présente parmi toutes les communautés du pays et en tout lieu». L’Eglise y porte un message unique, «qui est celui de l’Evangile, et qui fait sentir à la population qu’elle n’est plus divisée entre ses appartenances ethniques - qui deviennent un peu une malédiction pour le pays - mais qu’elle appartient à un chemin commun (…), une humanité finalement réconciliée et qui seul peut donner un avenir au pays». À travers la prédication, les célébrations eucharistiques ou encore un travail d’éducation -une priorité sur place-, l’évêque espère que «les choses changeront peu à peu».
Les organisations non gouvernementales occupent également un rôle central dans la société sud-soudanaise. Parmi elles, Médecins avec l’Afrique CUAMM, qui tient l’unique hôpital de référence dans l’État des Lacs. «Les gens ont une grande confiance dans l’Église ainsi que dans les organisations non gouvernementales qui offrent un service important qui n’est pas fait par les institutions», rappelle le prélat. «Les gens doivent apprendre à faire leur part, ils doivent trouver la force de changer aussi en regardant l'engagement de la communauté internationale, précisément à travers les ONG.»
Attente du Pape François
L’Église est donc un maillon dans cet engagement de tous au Soudan du Sud, engagement amené à devenir communion. «Le [pays] est bien évidemment heureux de la visite de Pietro Parolin», conclut Mgr Carlassare. «Il attend encore le Pape François, et cette arrivée du Secrétaire d'État sera un pas supplémentaire, et un rappel de la nécessité de marcher sérieusement, afin que le Pape, à son arrivée, trouve un peuple qui attend non pas assis, mais debout».
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