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La proposition de nouvelle Constitution chilienne se vend en librairie à Santiago, le 14 juillet 2022. La proposition de nouvelle Constitution chilienne se vend en librairie à Santiago, le 14 juillet 2022.  

Référendum constitutionnel au Chili: l’appel au discernement des évêques

«Les évêques du Chili face à la proposition constitutionnelle. Éléments de discernement». C’est le titre du document des évêques chiliens rendu public le 22 juillet. Il contient quelques réflexions sur le projet de nouvelle Constitution, qui sera soumis à référendum le 4 septembre prochain.

Anna Poce - Cité du Vatican

Cette semaine, tous les évêques chiliens, y compris les administrateurs diocésains, se sont réunis pour étudier la nouvelle proposition constitutionnelle, que les Chiliens seront appelés à approuver ou à rejeter le 4 septembre. Vendredi 22 juillet, les évêques ont remis un document de cinq pages et demie, signé par tous les participants, qui propose un guide, fondé sur la Doctrine sociale de l'Église, «pour éclairer la conscience de tous à partir de la Parole de Dieu, en particulier de ceux qui professent la foi chrétienne».

Ombres et lumières de la proposition constitutionnelle

Le texte constitutionnel, qui n'a pas reçu une approbation large et transversale, «est une proposition», disent les évêques, «qui nous met face à notre avenir, au défi de discerner si le texte proposé nous offre ou non un cadre social et juridique adéquat pour construire la paix, la solidarité et la justice dans notre pays».

Cela nécessite un discernement éclairé et un vote de conscience, soulignent-ils, en mettant toujours en avant le bien commun du pays. En outre, chacun est appelé «à accomplir son devoir civique en allant voter». Un discernement éclairé est nécessaire, soulignent les évêques, qui permet une évaluation éthique adéquate, qui vérifie «si la dignité de l'être humain est respectée et promue, si elle contribue à la réalisation du bien commun, et si les autres valeurs de la doctrine sociale qui promeuvent un ordre juste sont appliquées».

 

Si, d'une part, les évêques ont dit apprécier le texte constitutionnel dans sa proposition sur les droits sociaux, l'environnement et la reconnaissance des peuples autochtones, d'autre part, ils ont évalué négativement les réglementations qui permettent l'interruption de grossesse, celles qui laissent la porte ouverte à l'euthanasie, celles qui élargissent le concept de famille en le défigurant, celles qui limitent la liberté des parents sur l'éducation de leurs enfants, et celles qui imposent certaines limites au droit à l'éducation et à la liberté religieuse.

Le document épiscopal aborde chacune de ces questions, offrant aux catholiques des critères éthiques et doctrinaux de discernement.

Prendre garde aux sujets de bioéthique

«Nous considérons comme particulièrement grave, écrivent les évêques, l'introduction de l'avortement, que le texte de la proposition constitutionnelle appelle le "droit à l'interruption volontaire de grossesse». «Tout en comprenant, disent-ils, qu'il existe parfois des situations complexes dans lesquelles une nouvelle vie est générée, nous ne devons pas oublier que l'embryon est un être humain auquel il faut reconnaître les droits inaliénables d'une personne». C'est pourquoi, ajoutent-ils, «il est surprenant que la proposition constitutionnelle reconnaisse les droits de la nature et exprime sa préoccupation pour les animaux en tant qu'êtres sensibles, mais ne reconnaisse aucune dignité ni aucun droit à l'être humain dans le ventre de sa mère».

Outre l'avortement, les évêques sont préoccupés par la disposition garantissant à chacun le droit à une mort digne. Si le texte garantit de manière louable l'accès aux soins palliatifs pour les malades graves et chroniques, la «mort dans la dignité» est un droit ambigu, affirment-ils, «car il cherche à résoudre un problème en mettant délibérément fin à une vie humaine».

La famille et l'éducation des enfants

L'article 10 du texte alarme également les évêques du Chili, qui stipule que «l'État reconnaît et protège la famille dans ses différentes formes, expressions et modes de vie, sans la limiter aux liens exclusivement filiaux ou consanguins, et lui garantit une vie digne». En ce qui concerne cette norme, ils expliquent que «nous nous trouvons face à un sens neutre et défiguré de la famille, qui la laisse comme un mode d'organisation au même titre qu'une association, perdant finalement de l'efficacité dans la protection que l'État devrait fournir, puisque n'importe quel groupe de personnes pourrait être considéré comme une famille».

Les évêques regrettent également «qu'à aucun moment la responsabilité des parents et l'importance d'intégrer leur participation à l'éducation de leurs enfants ne sont établies». Il y a également une «forte présence de l'idéologie du genre, qui donne l'impression de vouloir s'imposer comme une pensée unique dans la culture et dans le système éducatif, portant atteinte au principe de la liberté des parents d'éduquer leurs enfants».

Droits et peuples autochtones

Les évêques saluent toutefois le nombre de droits proposés dans le texte constitutionnel et l'inclusion des peuples autochtones. «Il est encourageant de constater l'engagement à garantir un large éventail de droits fondamentaux, humains et sociaux, tels que, entre autres, l'éducation, le travail, le logement décent, la propriété, la santé intégrale et le bien-être, l'égalité et la non-discrimination, et la sécurité», apprécient-ils dans leur document, rappelant «traîner encore aujourd’hui une injustice historique ayant miné les autochtones» par le passé. Dans ce contexte, ajoutent-ils, «le souci de la protection de l'environnement et de la nature est également précieux», un thème particulièrement présent dans le Magistère du Pape François.

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24 juillet 2022, 16:02