Les Jeux méditerranéens, occasion d'un message de paix pour Mgr Vesco

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

En tant qu’athlète habitué aux courses à pied, Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger et administrateur apostolique du diocèse d’Oran, dont il était évêque avant de rejoindre la capitale algérienne, ne pouvait qu’apprécier ces Jeux méditerranéens dans son pays d’adoption. La compétition a été vécue comme une grande fête par les Oranais qui ont fait honneur aux sportifs venus des pays riverains de la Méditerranée. Une bouffée d’oxygène pour ces habitants qui vivent depuis des années dans un contexte pesant de crise socio-économique et politique.

Organiser ces Jeux méditerranéens pour l’Algérie est un symbole fort, estime Mgr Vesco, qui souligne que 80 % de la population vit sur les 20 % de terres qui bordent la Méditerranée. «C’est important pour les Algériens et l’Algérie de se sentir membres de cette culture méditerranéenne qui est essentielle, estime l’archevêque. Il est bon de faire honneur à cette appartenance méditerranéenne. C’est un enjeu de paix pour l’Algérie et bien au-delà pour la région et pour le monde».

Un lien et une frontière

«La Méditerranée c’est Mare Nostrum ; en arabe c’est la mer du milieu. C’est le cœur d’une civilisation, c’est un berceau de cultures, des trois monothéismes et malheureusement c’est devenu une frontière puissance deux entre le Nord et le Sud et entre l’Occident et l’Orient, un cimetière», regrette le dominicain. Ce qui est «terrible», car «ce n’est pas sa vocation» affirme-t-il.

Dans ce contexte, le sport est comme une bouffée d’oxygène car «c’est un moyen d’unir les personnes et les peuples». «Un athlète qui court et qui s’entraine et qui se dépasse - peu importe sa religion, sa culture ou la couleur de sa peau – ressent la même chose qu’un autre. Le sport unit», poursuit l’archevêque d’Alger.

La présence en tant qu’invitée d’Athletica Vaticana, l’association sportive de la Cité de l’État du Vatican, soutenue par le Pape François, est de ce point de vue significative. «Que ce soit en Algérie, dans le monde arabe, que sa présence ait été acceptée à l’unanimité, c’est un beau signe», précise Mgr Vesco. Idem pour la messe des Nations célébrée samedi 2 juillet au sanctuaire de Notre-Dame-de-Santa-Cruz, où furent béatifiés les bienheureux martyrs d’Algérie, dont Mgr Claverie et les moines de Tibhirine. «Je trouvais que c’était important de poser ce signe d’ouverture et de transmettre ce message d’amitié et de paix : c’est possible en Algérie.»