En France, des cisterciennes rallument le flambeau de Notre-Dame des Neiges
Claire Riobé - Cité du Vatican
«C’est une grande étape dans notre vie !» Elles sont une poignée de sœurs - 8 au total - à s’être portées volontaires. Les frères trappistes de Notre-Dame des Neiges, dans une lettre ouverte en janvier 2022, avaient annoncé la fermeture de l’abbaye ardéchoise par manque de moyens financiers. Face aux craintes d’effondrement du lieu, créé le 5 août 1850 et où saint Charles de Foucauld passa quelques mois de sa vie, les religieuses de Boulaur (Gers) ont décidé d'en reprendre le flambeau. Une partie d’entre elles investiront le couvent dès le 25 août, jour du départ des frères trappistes, poursuivant la tradition d’hospitalité de l'abbaye. Le reste de la communauté rejoindra le projet au 1er décembre 2022.
D’un prieuré supervisé à l'autonomie progressive
Le départ de Boulaur «n’est pas sans souffrance de séparation (…), des sœurs et de ce lieu qu’on aime, qui est celui de notre vocation», reconnait sœur Anne, en charge du projet monastique. La nouvelle communauté, assure-t-elle, restera en lien étroit avec Boulaur «ne serait-ce que par affection fraternelle». La reprise de Notre-Dame des Neiges se veut ainsi progressive et s’effectuera sur une période d’un à quatre ans. «Il n’y a pas d’urgence. Dès que l’on sentira que notre projet est prêt, nous deviendrons un prieuré autonome, et Notre-Dame des Neiges sera de nouveau une abbaye au sens canonique du terme», considère-t-elle. En attendant, le couvent devient un prieuré dépendant juridiquement de l’abbaye de Boulaur.
«Mettre nos coeurs à l'unisson»
Les enjeux qui attendent les sœurs sont nombreux. «Le premier défi est probablement de constituer une communauté, de faire une et mettre nos cœurs à l’unisson, dans la prière et dans la vie fraternelle», estime sœur Anne. Vient ensuite celui de l’intégration dans un univers déjà existant, où amis de la communauté et habitués du lieu ne se comptent plus. Notre-Dame des Neiges (également nommée abbaye de la Trappe), lieu de pélerinage situé sur le chemin de Stevenson, est un refuge pour de nombreux randonneurs et fidèles, qui y trouvent du repos pour quelques heures, ou quelques jours de retraite. «Le souhait qui est le nôtre est de nous fondre dans l’existence: reprendre ce que faisaient les frères en termes d’accueil d’hôtes, des marcheurs qui font le chemin de Stevenson, et d’accueillir également les personnes qui viennent sur les traces de Charles de Foucauld».
Un modèle économique à définir
Enfin, la petite communauté devra trouver son orientation économique afin de gagner son indépendance, «voler de nos propres ailes», sourit sœur Anne, et permettre au lieu de se déployer «pour qu’il soit au service de la mission de l’Église dans cette belle région». Une grande aventure, donc, qui se résume en quelques mots : écoute, accueil et accompagnement, dans le souci de maintenir vivant l'héritage trappiste de l'abbaye, inhérent à son rayonnement spirituel.
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