Méditation du 22è dimanche du Temps ordinaire C: «Etre humble à l'image du Christ»

Première lecture: Si 3, 17-18.20.28-29

Psaume: Ps 67 (68), 4-5ac, 6-7ab, 10-11

Deuxième lecture: He 12, 18-19.22-24a

Evangile: Lc 10, 38-42

Chers Frères et Sœurs,

La parabole de l’Évangile de ce dimanche peut sonner comme une stratégie de vie en public ou, pour le moins, comme un ensemble de règles de bienséance. «Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place…» ; «Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères…» L’enseignement de Jésus vise-t-il seulement à nous éviter le ridicule public?

Comprendre ainsi cette parabole, c’est ne pas saisir le message essentiel des lectures de ce dimanche. En effet, la clef de lecture de ces textes nous est donnée dans le verset de l’acclamation qui précède la lecture de l’Evangile: «devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur». Devenir disciple de Jésus, ne consiste pas seulement à écouter sa parole; être chrétien consiste à modeler sa propre vie sur celle de Jésus. En un mot, être chrétien, c’est devenir un autre Christ.

Et le mystère essentiel de Jésus, c’est son incarnation et sa venue au monde, pour partager notre condition humaine. Ainsi, «ayant la condition de Dieu (…), il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur (…) Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix» (Phil. 2, 6-8). On le voit: l’humilité est essentielle dans la mission salvifique du Christ pour le monde; l’humilité est le chemin par lequel le Christ nous élève vers Dieu; l’humilité est la porte du paradis.

Si l’humilité est la porte du paradis, c’est parce qu’elle nous fait reconnaître Dieu comme créateur et comme Père; elle nous donne de reconnaître notre nature de créature, qui reçoit tout de Dieu. L’humilité est le signe que nous n’attendons pas notre reconnaissance ou notre élévation des hommes, mais de Dieu seul, qui nous reconnaît comme ses créatures, et qui nous élève au rang de fils dans le Fils unique. C’est pourquoi la parabole se conclut en ces termes: «quiconque s’élève sera abaissé; et qui s’abaisse sera élevé». Autrement dit, la vraie élévation n’est pas celle qui vient de nos propres efforts, ou des regards des autres sur nous; la vraie élévation nous vient de Dieu qui, seul, peut donner sens à nos vies et à nos labeurs. C’est cela que la première lecture de ce jour nous enseigne justement : «plus tu es grand, plus il faut t’abaisser: tu trouveras grâce devant le Seigneur».

Dans la même ligne d’idées, la générosité sans calcul à laquelle nous invite la deuxième partie de l’Evangile de ce jour, lorsque Jésus s’adresse à son hôte, est une manière de nous rappeler que notre récompense et notre reconnaissance viennent de Dieu seul. Ainsi, quand l’on est généreux envers celui qui ne peut rendre la pareille, l’on reconnaît que le sens ultime de sa vie se trouve dans le ciel, où nous seront rendus tous les biens que nous faisons.

La grâce que nous avons à demander au Seigneur en ce dimanche, c’est de faire croître en chacun de nous la vertu christique de l’humilité. Que cette vertu devienne la marque de notre vie chrétienne, pour que nous soyons des véritables disciples de celui qui est doux et humble de cœur. Amen!