Père Ruslan: la visite du Pape, l'occasion d'une impulsion pour le dialogue
Deborah Castellano Lubov - envoyée spéciale à Nour-Soultan, Kazakhstan
La visite du Pape François au Kazakhstan est l'occasion pour cette petite communauté catholique de prendre de l'élan, estime le père Ruslan Rakhimberlinov, originaire de Karaganda, dans l'est kazakh. Il a récemment été nommé nouveau recteur du Séminaire théologique catholique du Kazakhstan, le seul catholique d'Asie centrale. «Je suis un prêtre de cette nationalité, car le nom de mon père est kazakh et ma mère est ukrainienne, mais nous, les Kazakhs, prenons en compte la nationalité du le père», a-t-il déclaré à Vatican News depuis la ville de Karaganda.
«C'est la deuxième fois qu'un Pape visite notre Église, depuis l'indépendance du Kazakhstan», dit-il, et c'est une double joie pour la communauté du séminaire. En 20 ans d'existence, «nous sommes le seul séminaire d'Asie centrale et nous sommes très heureux que Dieu nous fasse cette grâce», affirme le père.
Du baptême au sacerdoce
Ruslan Rakhimberlinov a rencontré l'Église catholique pour la première fois lorsqu'il avait 15-16 ans. Deux ans plus tard, se sentant appelé à la vocation et encouragé par un ami, des parents et le prêtre faisant office de recteur, il décide d'entrer au séminaire de Karaganda. En 2008, après des années de formation, il a été ordonné prêtre lors de la célébration de la fête des saints Pierre et Paul, le 29 juin. Pendant toutes ces années, il a servi comme prêtre dans plusieurs paroisses du Kazakhstan, principalement dans le diocèse de Karaganda.
Une mentalité qui change
Au fil des ans, le prêtre s'est heurté à des difficultés et à des préjugés anciens et assez répandus. Celles-là mêmes qui ont alimenté la méfiance entre les différentes communautés religieuses. Selon certaines personnes, explique-t-il si vous êtes Kazakh, vous devez toujours être musulman. Si vous êtes russe, vous devez être orthodoxe, et si vous êtes polonais ou Allemand, vous devez être catholique. Il dit souvent être confronté à de telles conversations, voire à des accusations, disant: «Que faites-vous là ? Vous êtes un Kazakh et vous devez suivre la foi de vos ancêtres!». Cette mentalité semble toutefois évoluer lentement, selon le père Ruslan. Aujourd'hui, les gens respectent davantage le libre choix d'une personne, et beaucoup comprennent son choix, même ses proches.
Pour lui, c'est aussi une responsabilité. «Il est très important que l'Évangile, la foi du Christ et le christianisme, ici au Kazakhstan, où il est déjà profondément enraciné, soient reconnus. Que les gens apprennent progressivement ce qu'est le christianisme, ce qu'est la Bonne Nouvelle, qui est le Christ Seigneur et ce qu'est l'Église catholique», souligne t-il.
La synodalité mise en pratique
Au Kazakhstan, dit le père Rakhimberlinov, le Pape François rencontrera «une Église qui connaît l'idée de la synodalité et la met en pratique», car, note-t-il, «nous sommes tous conscients que la communauté des catholiques kazakhs est un petit troupeau». Ils ne représentent que 1% des 19 millions d'habitants. Le pays compte environ 70 % de musulmans et 26 % de chrétiens, principalement des orthodoxes russes. «Nous sommes peu nombreux à être prêtres, mais aussi religieux et religieuses. Nous savons que notre avenir, en tant qu'Église, ne dépend pas seulement des prêtres et des diacres. Il est important que les laïcs, c'est-à-dire nos fidèles, comprennent bien quelle est leur responsabilité pour l'Église du Kazakhstan, l'Église du futur», poursuit-il.
Avant l’arrivée du Pape
Le séminaire s'est préparé spirituellement, avec plusieurs groupes de prière et des rencontres dans les paroisses, avant l’arrivée du Souverain Pontife, considérant le magistère de François. En particulier, le recteur a exprimé son appréciation pour l'encyclique Frères tous, car elle rappelle dit-il que «nous sommes très proches du dialogue entre tous nos frères». Cette visite selon lui, a été préparée afin de donner une impulsion à un dialogue plus riche, et pas seulement pour les catholiques, mais aussi pour «leurs frères orthodoxes, musulmans», car «la présence musulmane au Kazakhstan est très importante», a-t-il conclu.
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