Père Giuseppe Ambrosoli, au service de la vie dans les collines de l’Ouganda
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Giuseppe Ambrosoli est né à Ronago, près de Côme, dans la région des lacs d’Italie du Nord, le 25 juillet 1923. Il est le septième fils de Giovanni Battista Ambrosoli, fondateur de la société italienne de produits apicoles "Miel Ambrosoli" – encore existante aujourd’hui -, et de Palmira Valli, dont le père était connu à Côme comme «le médecin des pauvres».
Son milieu familial se distingue par l’ouverture d’esprit et la solidarité: pas de distances de classe ou de rang chez les Ambrosoli, mais une harmonie sereine et un esprit industrieux. La foi se vit de manière vive et discrète.
Le temps de l’épreuve
Après le lycée, Giuseppe s'inscrit à la faculté de médecine et de chirurgie de l'université de Milan, mais il doit interrompre ses études à cause de la Seconde Guerre mondiale. Durant sa jeunesse, il fait aussi partie du groupe diocésain d'Action catholique, connu sous le nom de "Cenacolo", véritable foyer de vocations sacerdotales et laïques.
Après l'armistice signé le 8 septembre 1943 par l’Italie, il s'engage, au péril de sa vie, à aider un grand nombre de Juifs, d'anciens combattants et de réfractaires de la République sociale italienne, destinés aux camps de concentration nazis, à se réfugier en Suisse. Lui aussi doit se réfugier de l’autre côté des Alpes, mais il finit par rentrer en Italie pour éviter les représailles contre les membres de sa famille. Les autorités de la République de Salò - État fantoche fasciste établi par Benito Mussolini en Italie du Centre et du Nord, dans les zones contrôlées par la Wehrmacht, du 23 septembre 1943 jusqu'au milieu du mois d’avril 1945 - l'enrôlent. Le jeune Giuseppe est envoyé avec d'autres étudiants en médecine en Allemagne, dans le camp d'entraînement de Heuberg (région de Stuttgart). Dans ce cadre éprouvant, il fait de son mieux pour aider et soutenir moralement ses camarades, souvent épuisés par leur dur entraînement et méprisés par les Allemands. Pendant cette période mûrit sa vocation missionnaire, comme l'a rapporté plus tard un de ses compagnons d'armes.
Premiers pas comme missionnaire
Après la guerre, il reprend ses études de médecine et obtient son diplôme de médecine en 1949. Pour mieux se préparer à la vie missionnaire, il étudie ensuite la médecine tropicale à Londres et choisit d'entrer dans la Congrégation des Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus, fondée par l’italien saint Daniel Comboni. Après deux ans de noviciat, il prononce ses premiers vœux et, bien qu'il n'ait pas encore terminé sa formation théologique, il est ordonné prêtre le 17 décembre 1955, à l’âge de 32 ans.
L'année suivante, il part au centre-est de l’Afrique, en Ouganda. Dans ce pays de collines et de forêts, il est affecté à Kalongo, où il contribue par son travail infatigable à développer les premières œuvres sanitaires de la mission érigée par des Comboniens, le père Alfredo Malandra et sœur Eletta Mantiero. Il se consacre à la transformation de ce qui était alors un simple dispensaire et à la création de l'école de sages-femmes St. Mary's Midwifery Training Centre. Parallèlement, le père Giuseppe se lance dans l'étude de la langue locale, l'acioli.
Une bénédiction pour la médecine locale
En peu de temps, le dispensaire se développe et prend la forme d’un hôpital. Ses services sont plus nombreux, et l’on compte environ 350 lits. La structure devient un point de référence pour toute l'Afrique centrale et orientale. À la lumière du principe inspirateur de saint Daniel Comboni, «Sauver l'Afrique avec l'Afrique», et aidé par les sœurs comboniennes, le père Ambrosoli met en place une école pour sages-femmes et infirmières, ce qui a contribue à améliorer la qualité des soins de santé dans le pays. Plus tard, il associe son hôpital à deux léproseries. Tout son travail humanitaire reçoit une reconnaissance importante des institutions médicales italiennes.
Sa ténacité et sa force d’âme sont remarquées dans le service qu’il accomplit. Une phrase l’accompagnait spécialement, et il appréciait la dire à ses confrères, aux religieuses qui travaillaient avec lui, aux médecins qui l'assistaient à l'hôpital de Kalongo, aux femmes qui accouchaient et aux Ougandais soignés avec un dévouement, compétence et tendresse: «Dieu est amour, et je suis son serviteur pour le peuple qui souffre». En effet, le père Giuseppe Ambrosoli a véritablement placé le Christ souffrant au centre de sa vie. La personne malade, icône vivante du Seigneur crucifié, est ainsi devenu prioritaire dans ses pensées et ses actions.
Le mystère de la croix, jusqu’au bout
Profondément touché par le mystère de la Croix, il a nourri jour après jour sa foi par la liturgie, la prière, la recherche de la volonté divine et la fidélité à sa consécration. Rendre gloire à Dieu, suivre un chemin de sanctification à travers un profond amour de Jésus et de ses frères et sœurs, puiser à la source eucharistique la force d'aider les plus fragiles: tel était son programme. Homme d'hospitalité et de générosité, «de riche qu'il était, il est devenu pauvre», apportant aux autres la «bonne nouvelle» du Dieu miséricordieux.
La guerre civile, qui a déchiré le nord de l'Ouganda à partir de 1981, a eu bien des répercussions négatives dans son travail. Au milieu de cette guérilla fratricide, le 13 février 1987, survient un ordre dramatique: le père Giuseppe est contraint par l’armée d'évacuer l'hôpital en 24 heures seulement. Ses collègues l’entendent alors dire: «Ce que Dieu demande n'est jamais trop». Après avoir sauvé le personnel médical et les patients en les transférant à Lira, parvient aussi à préserver l'école d'obstétrique. Mais cet effort mine irrémédiablement sa santé déjà précaire – il souffrait de néphrite -, et le 27 mars 1987, à 63 ans, 44 jours seulement après l'évacuation de l'hôpital, il meurt d'une insuffisance rénale. Cinq minutes plus tard arrivait l'hélicoptère envoyé de Kampala pour le secourir.
Une jeune mère sauvée miraculeusement
Le 25 octobre 2008 arrive à l’hôpital de Matany, dans le nord-est de l'Ouganda, Lucia Lomkol, une jeune mère de 20 ans. Son état est désespéré: l’enfant qu’elle porte en elle est déjà mort, et elle souffre d’une septicémie.
Le docteur Erik Domini, chef de la maternité, tente une dernière opération après l'admission, mais en vain. L'état de la jeune femme s'aggravant, il la fait transférer du service général à la salle d'accouchement, pour éviter que les autres patients n'assistent à la mort d'une jeune mère. Le soir-même, constatant l'aggravation progressive de la situation, il convoque le curé de Matany, le père Marco Canovi, qui administre à Lucie l’onction des malades.
En ramenant le père Marco chez lui, le docteur Domini se souvient soudainement d'une image pieuse du père Giuseppe Ambrosoli qu'il conserve dans son appartement. Il va la prendre et retourne à l'hôpital auprès de Lucie. Après avoir reçu le consentement de la mourante, de sa mère et de son mari, il attache l’image sur le cadre du lit et rassemble les infirmières pour prier. Il est environ minuit. Tout le monde se salue, et le médecin demande à être prévenu le lendemain matin, pour les funérailles de Lucia.
À cinq heures du matin, le docteur Domini revient dans la chambre de Lucie. À sa grande surprise, il trouve la jeune femme pleinement consciente et réceptive. Toutes les personnes qui étaient présentes cette nuit-là à son chevet attribuent cette guérison soudaine à l’intercession du père Giuseppe.
Celui qui était alors évêque de Moroto, dont dépend la paroisse de Matany, Mgr Henry Apaloryamam Asentongo, ayant appris le fait miraculeux, demande à ce que toute la documentation soit rassemblée pour la soumettre à l'étude du dicastère pour les Causes des Saints.
Le 17 décembre 2015, le père Giuseppe Ambrosoli est déclaré vénérable par le Pape François. Le 28 novembre 2019, il reconnaît officiellement la validité du miracle lié à la guérison de Lucie, ouvrant la voie à la béatification du prêtre et médecin combonien.
Sources: causesanti.va, fondazioneambrosoli.it
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