La suite du Pacte éducatif global du Pape s’écrit à Marseille
Delphine Allaire - Marseille, France
Des écoles catholiques dirigées par des musulmans au Maroc, des jardins d’enfants catholiques aux grands succès en Tunisie ou encore des établissements catholiques dans un environnement orthodoxe en Grèce.
Autant de réalités locales vécues par l’Église, dont l’une des missions phares a toujours été l’éducation, illustrées dans la cité phocéenne en ce début décembre, trois ans après le dernier congrès de l’OIEC, à New York, l’année du lancement du Pacte éducatif global par le Pape.
La genèse de l'OIEC
Ce pacte conçu comme «une nouvelle alliance éducative» impliquant la construction «d’un village de l’éducation», du mondial au local, comporte sept points transversaux: dignité de la personne, écoute des enfants, généralisation de l’instruction des petites filles, importance de la famille, éducation à l’accueil, autre appréhension des enjeux économiques et politiques, et sauvegarde de la Création; le tout de manière subsidiaire, polyédrique et solidaire, selon la méthode magistérielle François. L’une de ses chevilles ouvrières est résolument l’OIEC, institution basée à Rome, née dans l’après-guerre, en 1952, au moment où l’esprit de réconciliation se conçoit aussi par l’effort éducatif.
L'éducation catholique dans les institutions internationales
En 1960, le futur Pape Paul VI, Giovanni Battista Montini, reconnait l’OIEC comme organisation catholique. Avec les décolonisations, le réseau s’étoffe et s’installe en Asie, en Afrique ou au Moyen-Orient. Selon le Rapport mondial sur l’éducation catholique 2021, l’OIEC compte aujourd’hui 210 000 écoles et 68 millions d’élèves -pré-scolaire, primaire, secondaire et supérieur confondus. Les écoles catholiques sont particulièrement présentes dans les pays à faible revenu. Dans ces pays, un étudiant du primaire sur sept est dans une école catholique. «Notre mission est de participer à la communion universelle par l’éducation», affirme Philippe Richard, secrétaire général de l’organisation, représentée tant à l’Unesco, qu’aux Nations-Unies de Genève et New York ou encore à Strasbourg au Conseil de l’Europe. Cela contribue à porter la voix catholique dans ces enceintes, «par exemple sur le sujet de l’éducation et du genre», note aussi Philippe Richard. Ou encore à faire vivre le dialogue interreligieux et interculturel entre élèves des quatre coins du monde, à travers le projet Planet Fraternity où des élèves s’entraident via des partenariats en ligne tous les deux mois.
Le Pacte éducatif global, démarche prophétique
Pour le père Jawad Amalat, président de l’OIEC, curé de Carthage (Tunisie) et directeur du réseau catholique des écoles tunisiennes, le Pacte éducatif global du Pape François est «providentiel» pour légitimer cette action sur le terrain: «Il donne des papiers à une Église sans-papiers», notamment auprès des Églises fragiles. «La fragilité est une leçon incroyable pour le monde, la fragilité choisie devient une leçon réciproque entre centres et périphéries, sans rien n’enlever à l’identité», constate encore le prêtre jordanien, au pays du jasmin depuis 26 ans maintenant.
Ainsi le Pacte éducatif global, «sans dispute théologique», se penche sur ce qui nous rassemble, estime-t-il, évoquant la même méthode François appliquée au document sur la Fraternité humaine. Le Pacte éducatif mondial se lit en effet comme un prolongement et une synthèse de Laudato si’ et Fratelli tutti.
«Dictature des résultats», «casser les murs de l’école», le Pape François use de «paraboles» pour repenser les paradigmes de l’éducation, à ne pas comprendre littéralement, résume Philippe Richard. Prophétiques si elles en sont, le temps les fera mûrir et mener à une une prise de conscience.
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