Recherche

image d'illustration image d'illustration 

Côte d’Ivoire: l'évêque de Man chérit la veuve et l'orphelin

Arrivé en 2007 dans le diocèse de Man dans un contexte de troubles politiques, Mgr Gaspard Beby Gnéba explique les actions menées depuis en faveur des personnes nécessiteuses, aussi bien sur le plan matériel que spirituel. À l'occasion de la 6e journée mondiale des pauvres, il nous offre son témoignage.

Jacques Ngol,SJ – Cité du Vatican avec Marcel Ariston Blé - Abidjan

L’Église célèbre ce dimanche 13 novembre 2022, la 6ème journée mondiale des pauvres autour du thème «Jésus-Christ s’est fait pauvre à cause de vous». Promue par le Pape François en 2016, elle constitue un point essentiel de la pastorale de nombreuses églises en Côte d’Ivoire, en l’occurrence dans le diocèse de Man. Mgr Gaspard Beby Gnéba répondant à l’appel du Saint-Père, multiplie les actions en faveur des personnes démunies dans le but de les aider à se relever, à avoir une dignité. Man, diocèse fortement marqué par les différentes crises militaro-politiques qu’a connu le pays renaît peu à peu de ses cendres avec son lot d’orphelins, ses veuves et personnes âgées qui ont presque tout perdu. Depuis plusieurs années, dans l’ouest ivoirien, comme un «vagabond de la charité», le prélat travaille pour bâtir durablement des ponts entre les communautés, rétablir la confiance, l’amour après ces années d’instabilité par une pastorale qui prend en compte selon lui, tous les aspects de la pauvreté humaine: «matérielle, corporelle, relationnelle et spirituelle».  

Mgr Gaspard Beby Gnéba, comment avez-vous accueilli votre mission dans un contexte de guerre?

Ici, la pastorale des pauvres, est une pastorale intégrale qui prend en compte tous les aspects de la pauvreté humaine: La pauvreté matérielle corporelle, relationnelle et spirituelle. C’est à ces trois niveaux que nous essayons de travailler, «mes agents pastoraux et moi». Dieu m’a envoyé en mission à Man, à l’ouest de la Côte d’Ivoire, à un moment difficile de notre pays. J’ai découvert justement des brisures parce que la guerre veut dire division, séparation donc pauvreté relationnelle. Je suis arrivé dans un contexte de division, donc il fallait panser les plaies. Ainsi dans ma pastorale et celle des prêtres, religieux et religieuses, nous prenons en compte les visites systématiques des autorités de tous les bords politiques, ici à Man, je vais chez tout le monde. Nous avons pris comme orientation pastorale cet aspect-là. Comment être des ponts entre tous les habitants de l’ouest pour résoudre le problème de la pauvreté relationnelle que la crise en Côte d’Ivoire a aggravé, et l’Eglise doit s’engager pour être bâtisseuse de ponts entre les hommes ici. Ensuite la pauvreté corporelle matérielle elle est aussi là. Pour cet aspect, au cours des visites pastorales, nous faisons des dons en nature et en numéraire, là aussi c’est systématique. Toutes les visites pastorales ne se font pas sans que l’évêque n’aille rendre visite, saluer des personnes pauvres, démunies comme je l’ai dit, de tous les bords. Lors de ces visites pastorales, nous faisons tout pour que ces différents éléments de la pauvreté soient déjà pris en compte, résolus.


Vous avez choisi de mettre les forces de votre diocèse de Man au service des veuves, pourquoi?

De façon structurelle, ordonnée, nous avons choisi dans le diocèse de Man les veuves. Vous savez dans nos cultures en général, la femme n’a pas toujours tous les mêmes droits que les hommes. Donc l’Eglise doit s’engager à promouvoir la dignité de la femme. C’est une vision essentielle à partir de L’Évangile, mais à partir de l’enseignement du Pape François, et de tous les pères de la doctrine de l’Église. Et donc, nous avons choisi les veuves dans les villages, souvent, elles reviennent dans leurs familles d’origine mais comme elles n’ont pas le droit à la propriété, elles sont souvent économiquement démunies. Grâce à une religieuse, nous avons commencé à mettre en place une fraternité ou une association des veuves qui a plusieurs aspects. D’abord, le premier, c’est la promotion de la dignité de la femme, prendre en compte la femme dans notre Eglise diocésaine. Il s’agit aussi de les accompagner pastoralement mais aussi pour se soutenir, être solidaire les unes envers les autres, vivre leur fraternité. Cela leur permettra de ne pas être abandonnées dans leurs familles ou dans leurs villages mais pour que cela soit possible, il fallait les aider à créer des activités génératrices de revenus. Grâce à certains partenaires, nous avons commencé et je suis heureux que tout se passe pour le mieux. Ces AGR les valorisent dans la société, mais aussi cela leur permet d’avoir un peu d’argent pour se prendre elles-mêmes en charge. A Biankouma, à Danané, ça bien pris, c’est une association ou fraternité qui me tient à cœur, c’est là que je compte mettre l’accent.

Aujourd'hui, vous appelez la communauté chrétienne de Man appelée à témoigner l’amour du Christ... 

Le baptisé, le croyant, ou la communauté diocésaine n’a pas le choix entre guillemets, elle a l’obligation de témoigner qu’elle croit en l’amour de Dieu, qu’elle vit de l’amour de Dieu et qu’elle est en mission pour manifester l’amour de Dieu. Voilà ce qui est essentiel, et le Christ s’est fait pauvre, il s’est démuni pour que nous soyons riches donc nous sommes envoyés pour enrichir la vie des autres. Nous devons être ensemble, laïcs, prêtres, consacrés pour témoigner de l’amour de Dieu. Et prions pour que le Seigneur nous inspire pour l’imiter, pour nous configurer à Lui pour que notre église diocésaine après la guerre, les difficultés que nous avons connues surtout à l’ouest ici, nous soyons des témoins d’amour, que nous manifestons de manière concrète l’amour de Dieu à tout le monde, à tous ceux qui ont besoin de nous, tous ceux que Dieu met sur notre chemin. C’est vrai qu’au plan matériel, nous sommes limités mais nous faisons avec le peu que nous avons et nous sommes sûrs que le Seigneur bénira cela. Donc, l’appel que je lance, c’est de poursuivre ce que nous avons commencé avec la grâce de Dieu, bâtir des communautés synodales, inclusives participatives, faire route ensemble de manière structurelle, organisée, planifiée au bénéfice de tout le monde. 

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

10 novembre 2022, 11:57