Méditation du 32è dimanche du temps ordinaire C: «Dieu nous appelle à la vie»
Première lecture: 2 M 7, 1-2.9-14
Psaume: Ps 16 (17), 1ab.3ab, 5-6, 8.15
Deuxième lecture: 2 Th 2, 16 – 3, 5
Évangile: Lc 20, 27-38
Quelle est donc cette vie à laquelle, selon la Bible, Dieu nous appelle ? C’est bien la question qui naît en nous, après avoir entendu les diverses lectures de la liturgie de ce dimanche.
Dans le livre des Maccabées, une mère et ses sept enfants résistent à un roi qui veut les forcer à violer les lois de la tradition juive. Ils sont torturés et mis à mort, ce qui ne les empêche pas d’invectiver leur bourreau et de proclamer leur foi. En respectant les lois transmises par leurs pères, ils disent leur totale confiance en un Dieu qui est vie. Quand l’un s’écrie: «C’est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de ses lois je les méprise, et c’est par lui que j’espère les retrouver», l’autre déclare à son meurtrier: «Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie». Le récit du livre des Maccabées, qui se situe dans le contexte d’une sanglante persécution, est une radicale affirmation: le Dieu créateur ne manque jamais à son œuvre de création, et son acte de création se poursuit en chacun des vivants (jusqu’au-delà de leur mort). La mort biologique est certes une réalité, mais cette réalité n’anéantit pas la vie que Dieu ne cesse de donner. En d’autres termes: notre vie ne se réduit pas à notre seule existence biologique. Le Créateur œuvre en nous jusqu’au-delà de notre mort. Comment cela se fait-il? La réponse nous est donnée dans notre rapport à celui que Paul, dans l’épitre aux Colossiens, qualifie de «premier-né d’entre les morts»: Jésus-Christ.
Ce Jésus, lorsqu’il est interrogé par des sadducéens (c’est-à-dire par des personnes qui nient la résurrection), invite ses interlocuteurs à faire mémoire de Moïse qui, dans le récit du buisson ardent, rencontre le Seigneur qui se présente comme «le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob» (tous prédécesseurs de Moïse). Jésus ne fait pas référence à l’existence biologique de ces grands hommes, mais à la manière dont ils demeurent présents parce que Dieu a travaillé, travaille et travaillera leur vie. Et Jésus de conclure: le Seigneur «n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui». Ces paroles ne sont pas aisées à comprendre. Pour les accueillir, nous serons aidés si nous regardons comme Jésus lui-même a vécu. Comment se présentent la prière et l’action de Jésus? Sa prière est une prière personnelle à un Dieu auquel il n’hésite pas à exprimer ses joies («Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange: ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.» [Mt 11,25]), mais aussi ses angoisses («Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux.» [Mt 26,39]); sa prière s’adresse à un Dieu qu’il appelle «Père» et qu’il nous invite à appeler «Père» … un Père bien vivant, et un Père pour les vivants! Quant à l’action de Jésus, celle-ci est toute tournée vers des œuvres de justice: riches et pauvres, Juifs et païens, malades et bien-portants (et on pourrait continuer la liste), tous sont appelés à vivre comme des êtres créés par Dieu et réconciliés avec l’œuvre de création de leur Père. En plaçant nos pas dans les traces de Jésus, nous vivons en ressuscités.
Dans l’Evangile, de nombreuses scènes nous mettent en garde contre le risque de faire tenir à Dieu le rôle d’un magicien ou d’un thaumaturge. Le Dieu de l’Evangile est tout autre que cela. En Jésus-Christ, Dieu nous fait traverser la mort. Dans le baptême, nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ, et nous vivons d’une vie nouvelle. Nous pouvons donc, à notre tour, prendre pour notre propre compte le souhait que Paul adresse aux Thessaloniciens dans la deuxième lecture de ce dimanche: «Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l’amour de Dieu et l’endurance du Christ!» Ainsi, nous vivrons dans l’accueil de la vie nouvelle qui nous est donnée en Jésus-Christ. Et cela, dès aujourd’hui!
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