Réconciliation avec les autochtones, l’Église du Canada ouvre ses archives
Marine Henriot – Cité du Vatican
C’était il y a un peu plus de trois mois, à Maskwacis dans les terres luxuriantes de l’Alberta, près de l’ancien pensionnat Ermineskin, le Pape François, empreint de gravité, demandait pardon «pour la manière dont, malheureusement, de nombreux chrétiens ont soutenu la mentalité colonisatrice des puissances qui ont opprimé les peuples autochtones».
Des excuses qui représentent pour l’Église catholique du Canada un point de départ pour des relations plus humaines et saines avec les autochtones du Canada, divisés en trois groupes: les Premières nations, les Inuits et les Métis. «Cette visite a changé le climat de nos relations», estime après son audience du jeudi 10 novembre avec le Pape François, Mgr Raymond Poisson, président de la conférence épiscopale du Canada, évêque de Saint-Jérome de Mont-Laurier. «l’Église est maintenant leadership dans la réconciliation, cette visite du Pape fut le sceau qui est venu apporter cette idée que l’Église catholique était en mode d’écoute, d’accueil et de reconnaissance avec ses frères et sœurs autochtones» .
Depuis son retour de ces terres traumatisées de l’Alberta, du Québec et du Nunavut, le Souverain pontife reste attentif au travail de l’Église canadienne avec les premiers peuples du Canada. «Le Saint-Père a voulu savoir si nous étions unis, entre nous les évêques sur cette question. Et en effet, après des discussions évidemment, toutes nos décisions concernant la réconciliation sont prises à l’unanimité», détaille le responsable de la Conférence épiscopale canadienne.
Un geste concret, l’ouverture des archives
En janvier 2022, l’Église canadienne annonçait la création du Fonds de réconciliation avec les Autochtones, avec pour objectif de financer des projets visant à la réconciliation des communautés et des familles, à la revitalisation de la culture et de la langue, à l'éducation et au renforcement des communautés, ainsi qu'aux initiatives visant à promouvoir la spiritualité et la culture autochtones. Un programme qui suit son cours, témoigne Mgr Poisson, saluant la mise en place de lieux de rencontres au niveau local: «cela se fait toujours à l’échelle du diocèse ou de la communauté autochtone, tout le monde est toujours le bienvenu».
Par ailleurs, afin de faire la lumière sur le rôle de l’Église catholique au Canada dans la gestion, avec le gouvernement fédéral, des pensionnats autochtones, l’Église canadienne est en train de procéder à l’ouverture de ses archives: «Nous tendons la main pour pouvoir mettre sur pied un mécanisme qui permet d’ouvrir nos archives mais qui garantit également le respect de la vie privée, afin de partager avec les personnes intéressées ce que contiennent ces archives», détaille l’évêque de Saint-Jérome de Mont-Laurier, tout en nuançant: «ces archives sont sacramentelles, elles sont sans doute plus pauvres que ce que l'on pourrait espérer… Ce sont des dates pour une première communion, confirmation, ou même pour un service funèbre. Mais il n’y a pas de certificat de décès dans nos archives, il faut aller voir cela ailleurs, peut être dans les archives des écoles directement».
Entre 1831 et 1996, 150 00 enfants autochtones ont été enrôlés de force dans ces centres de rééducation gérés par l’Église catholique à travers le pays, y subissant le programme gouvernemental d’assimilation forcée, des abus et de la maltraitance. Entre 3 000 et 6 000 enfants sont morts dans les murs de ces pensionnats. En septembre 2021, l’Église canadienne présentait officiellement ses excuses.
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