Syrie: Mgr Masri alerte sur la situation sanitaire dramatique
Lisa Zengarini - Cité du Vatican
Alors que les tous les regards sont tournés sur la situation de la guerre en Ukraine, et les crises énergétiques et alimentaires qui en découlent, lors de son audience générale du mercredi 9 novembre, le Pape François a une nouvelle fois attiré l'attention sur les nombreuses guerres oubliées qui continuent faire des victimes dans de nombreuses autres régions du globe. Parmi celles-ci, il a mentionné le conflit qui dure depuis onze ans en Syrie.
De nombreux Syriens privés de leurs besoins essentiels
Les combats se poursuivent dans certaines régions entre les insurgés résiduels et les forces de Bachar al-Assad soutenues par la Russie, et le pays continue de connaître une grave crise économique avec une inflation galopante due aux sanctions, à l'isolement international, à la destruction des infrastructures, au manque de fonds publics, ainsi qu'à l'effondrement financier du Liban. La crise a un impact profond sur les Syriens, qui sont privés de leurs besoins fondamentaux, y compris les soins de santé, tandis que ceux qui le peuvent continuent de fuir le pays.
Le Covid-19 et la récente épidémie de choléra
Lors d'une récente visite au siège de la fondation internationale Aide à l'Église en détresse (AED) en Allemagne, l'archevêque melkite d'Alep, Mgr Georges Masri, a décrit la situation sanitaire comme étant dramatique, le pays ayant souffert de la pandémie de Covid-19, pour être récemment frappé par des épidémies de choléra dans 13 de ses 14 provinces.
Cela est une conséquence directe du conflit qui a endommagé les infrastructures d'eau et d'assainissement, tandis que quelque 2 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays vivent dans des sites et des camps de dernier recours surpeuplés, avec un accès très limité aux services d'eau et d'assainissement de base.
Les Nations unies ont récemment indiqué que plus des deux tiers des stations de traitement des eaux, la moitié des stations de pompage et un tiers des châteaux d'eau en Syrie ont été endommagés.
Les Syriens sont trop pauvres pour payer des médicaments ou des opérations chirurgicales
Selon l'archevêque Georges Masri, le problème est toutefois plus important que les épidémies, puisque l'état de santé général de la population est très mauvais. Les questions médicales sont désormais l'une des principales préoccupations des familles chrétiennes restées en Syrie, a-t-il déclaré. Un nombre croissant de personnes meurent par manque de médicaments, en raison du coût prohibitif des opérations chirurgicales et de la destruction générale des hôpitaux et des cliniques. Les personnes âgées sont particulièrement touchées, en raison de l'augmentation du prix des médicaments, a expliqué l'archevêque syrien.
Un autre problème grave, a-t-il ajouté, est le fait que de nombreux médecins qualifiés ont choisi de quitter le pays, tandis que de nombreuses entreprises pharmaceutiques d'État ont dû fermer.
L'AED soutient l'Église locale dans ses efforts de secours
De nombreuses familles en sont arrivées au point de ne pas acheter de médicaments ou de ne pas subir d'opérations chirurgicales, car elles ne pensent pas pouvoir rembourser leurs prêts. Face à cette situation, l'Église locale, bien qu'elle ne puisse pas compenser le manque de médecins, a augmenté ses soins pastoraux pour les malades.
L'Aide à l'Église en détresse a soutenu cet effort en construisant une pharmacie à Alep pour faciliter la distribution de médicaments à la population. Détenue et gérée par l'Église catholique, la pharmacie est ouverte au grand public.
Un autre des projets de l'archevêque Masri que l'AED finance, est l'organisation d'activités sociales et récréatives pour les personnes âgées ayant moins de ressources financières. Cela les aide à améliorer leur santé physique et spirituelle. «Elles rentrent chez elles pleines d'énergie», a déclaré l'archevêque. «L'un d'entre eux a dit au prêtre qui était avec eux que c'était la première fois de sa vie que lui et sa femme avaient quitté Alep ensemble».
Le chef de l'archidiocèse melkite s'est dit profondément reconnaissant envers les bienfaiteurs de l'AED, dont la contribution financière a permis de soutenir la population malgré la crise.
Plus de 13 millions de Syriens ont besoin d'aide humanitaire
Onze ans après le début du conflit syrien, près de 7 millions de personnes sont toujours déplacées à l'intérieur du pays et plus de 13 millions ont besoin d'aide humanitaire, tandis que 5,5 millions ont fui à l'étranger, principalement vers les pays voisins (Liban, Turquie et Jordanie).
Avec l'aggravation de la crise économique et financière au Liban, les pressions exercées sur les quelque 1,5 million de réfugiés syriens présents dans le pays pour qu'ils retournent dans leur patrie se sont accrues.
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