Mgr Mokrzycki: l’Ukraine se prépare à vivre un premier Noël de guerre

Giancarlo La Vella - Cité du Vatican

L’archevêque latin de la capitale de l’ouest ukrainien depuis 2008, décrit à Radio Vatican-Vatican News les difficultés de la population ukrainienne qui s'apprête à vivre un hiver rigoureux, -les températures sont déjà négatives- et, surtout, à passer un premier Noël de guerre.

Qu’avez-vous partagé au Souverain pontife?

C'était ma première rencontre avec le Pape depuis le début de la guerre. Je souhaite le remercier pour sa proximité spirituelle, ses prières quotidiennes, et pour ses nombreuses interventions envers l'Ukraine, ses paroles contre la guerre, ses invocations au monde entier à prier, à être solidaire.

Je le remercie aussi pour l'aide matérielle qui ne nous a jamais fait défaut à travers les quatre voyages de l’aumônier apostolique, le cardinal Konrad Krajewski, celui de Mgr Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États, et celui du nonce.

Le Saint-Père est proche des évêques et des prêtres. Il essaie de rappeler au monde entier que la paix viendra bientôt, et a exprimé son désir de venir à Kiev, mais aussi à Moscou, car le Pape ne veut pas nous séparer, mais souhaite que ces deux pays aient des relations amicales.

Nous parlons en ce moment de récupération des territoires qui avaient été envahis, mais comment se portent les civils?

C'est une situation très triste, car tout le monde est impliqué dans la guerre, qui cause tant de destruction, tant de douleur. De nombreux soldats et civils perdent la vie, de nombreux autres sont laissés invalides. Beaucoup sont sans abri à cause de la destruction des maisons. Heureusement, il n'y a pas de pénurie de nourriture en ce moment. La situation alimentaire est très difficile là où il y a des bombardements et où le conflit fait rage, mais avec l'aide de toute l'Europe et aussi d'autres pays, nous parvenons à apporter de la nourriture là où elle est nécessaire. Nous sommes très reconnaissants de cette solidarité.

Comment l'Église locale répond-elle aux besoins des gens, en particulier dans les zones de guerre?

L'Église agit toujours de deux manières: par la proclamation de l'Évangile, mais aussi par la charité. Je suis très surpris par nos prêtres en Ukraine qui s'engagent héroïquement, personne ne s'épargne, ils travaillent jour et nuit. Ils rassemblent tant de volontaires pour faire du bien à ceux qui en ont besoin. Nous accueillons dans nos centres pastoraux et nos diocèses de nombreux réfugiés qui ont fui pour sauver la vie surtout de leurs proches, des enfants. Et nous sommes également proches des personnes âgées, des malades.

Un travail important, donc, surtout à l'approche de l'hiver et de ses températures froides. Comment vous y préparez-vous?

Nous prions pour que cet hiver ne soit pas si froid et, grâce à Dieu, pour le moment il n'y a pas de grande crise. Il n'y a que quelques régions qui n'ont pas l'électricité, mais grâce aux différentes institutions, comme Caritas, nous avons pu acheter des poêles, des générateurs pour produire de l'électricité, et nous espérons qu'avec cela nous pourrons résister au froid qui arrive.

Vous êtes sur le point de vivre un premier Noël de guerre...

Oui, nous avons déjà passé Pâques pendant cette guerre et cela nous a vraiment fait mal que tant de personnes n'aient pas pu célébrer la Résurrection du Seigneur, beaucoup l'ont fait quand même, au milieu des ruines et des territoires détruits.

Le travail de Radio Vatican est-il important pour vous?

Oui, notamment parce qu'elle invite à prier pour la paix et à être des voisins, afin qu'il n'y ait pas de séparation entre ces deux grands pays: l'Ukraine et la Russie.