L’adoration, un mystère qui se révèle à nous

Entretien réalisé par Jean-Charles Putzolu - Cité du Vatican

Dans la grotte de la Nativité, tous les regards se posent avec douceur sur l'enfant dans la mangeoire. Le regard de Marie et Joseph est rapidement accompagné du regard des bergers, puis des mages venus d'Orient qui se prosterneront devant lui, douze jours après Noël, apportant l'or, l'encens et la myrrhe. Tous adorent le Seigneur. Dans l'entretien qui suit, le père Jean-Paul Savi sj nous offre une méditation pour aller plus loin sur le sens de l'adoration.

Les représentations de la Nativité montrent les Rois mages et les bergers tournés vers l’Enfant dans une attitude de vénération. Que signifie l’adoration?

Dans les représentations de la Nativité, l'Enfant Jésus est le personnage principal qui attire les regards. Alors les mages et les bergers ont une attitude d'adoration devant l'enfant Jésus à cause de son identité. Jésus est le Messie et donc l'adoration est définie comme la première attitude de l'homme qui se reconnaît créature devant son Créateur. Et c'est donc une attitude de révérence et d'amour de celui qui se met en présence de Dieu et se laisse saisir par sa grandeur et son amour.

Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui il serait important, plus que jamais, au regard de la cacophonie d'une époque sécularisée, de retrouver le goût de l'adoration?

Aujourd'hui, nous sommes envahis par beaucoup de bruits et de distractions. Il suffit de prendre l'exemple de nos téléphones portables. Nous avons plein de notifications, de messages qui viennent et qui nous distraient un peu. Alors l'adoration comme attitude envers notre Créateur, nous appelle au calme, à une attitude de recueillement. L'adoration, nous permet de devenir des hommes et des femmes de profondeur.

Que peut-on apprendre des bergers autour de l'enfant, de cette spiritualité pastorale?

Les bergers sont des personnes modestes, simples, de la société, mais que Dieu a choisis pour leur annoncer la naissance de Jésus. La deuxième chose, c'est la diligence. Juste après l'annonce de l'ange, les bergers se sont mis en route pour Bethléem. Et donc nous devons aussi être diligents à écouter les appels du Seigneur, le Dieu qui nous parle à travers notre vie, les événements, à travers les amis, etc. La troisième chose, c'est l'annonce du Christ. Après la rencontre avec Jésus, les bergers sont partis raconter à d'autres leur expérience du Christ. Nous devons nous aussi être capables de pouvoir parler de Jésus à d'autres personnes, non seulement par nos paroles, mais aussi par nos gestes. Et la dernière chose est la louange de Dieu et savoir rendre grâce et glorifier Dieu pour l'expérience vécue, même si des fois nous vivons des expériences moins bonnes.

En quoi l'adoration est-elle un mystère?

Quand on parle de mystère, souvent c'est quelque chose de secret, quelque chose de caché, disons, inaccessible à la raison humaine. Mais Dieu se révèle à nous comme il le veut et quand il le veut. Donc le mystère dépasse les limites de la raison humaine. Et dans ce sens-là, l'adoration qui est un acte de foi, est un mystère dans le sens où Dieu qui fait l'objet de notre adoration, reste un être qu'on ne peut jamais saisir totalement, mais qui se révèle à nous à travers notre vie. Donc c'est un don gratuit de Dieu, de se révéler à nous, et cela peut aussi passer à travers l’adoration.

Que nous dit Dieu avec son incarnation en petit enfant?

Cette question me rappelle un peu la méditation des exercices spirituels de Saint Ignace sur l'incarnation. Et Saint Ignace dit: 'ici je me rappellerai comment les trois personnes divines contemplant la surface de la terre, couverte d'hommes, et voyant que tous se précipitent en enfer, décrètent dans leur éternité, que la seconde personne de l'Auguste Trinité se fasse homme pour sauver le genre humain'. Dans cette méditation, je vois que, ce que Dieu nous exprime à travers l'incarnation, c'est son amour infini, simplement, Dieu qui nous aime tellement, jusqu'à nous envoyer son Fils pour nous sauver.