Les dirigeants des Églises de Terre Sainte préoccupés par la violence et la polarisation
Lisa Zengarini-Cité du Vatican
Alors que le Premier ministre israélien désigné Benjamin Netanyahu s'apprête à former un nouveau gouvernement de coalition à la suite des élections générales du 1er novembre, l'Assemblée des ordinaires catholiques de Terre Sainte (AOCTS) a exprimé l'espoir que la nouvelle direction apportera «la stabilité politique», tout en exprimant ses préoccupations quant à la «détérioration progressive de la situation sociale et politique générale» dans la région.
Flambée de violence
Les cinquièmes élections en Israël en quatre ans ont confirmé le retour au pouvoir de M. Netanyahou avec le soutien des partis ultra-nationalistes et d'extrême-droite. Leur victoire intervient dans un contexte de recrudescence de la violence en Israël et dans les territoires palestiniens. Ces derniers mois, les forces israéliennes ont mené des raids quasi quotidiens, souvent meurtriers, à la suite d'une série d'attentats meurtriers contre des Israéliens. Les affrontements se sont encore intensifiés au cours des dernières semaines et au moins 150 Palestiniens et 26 Israéliens ont été tués en Israël et en Cisjordanie.
Des déclarations qui font le lit de nouvelles violences
Commentant dans une déclaration les derniers développements, les chefs religieux catholiques de Terre Sainte se disent préoccupés par le contexte politique dans lequel le nouveau gouvernement est formé. Tout en espérant que la nouvelle direction apportera la stabilité politique, ils remarquent que «certaines déclarations faites par des membres de la coalition sont stigmatisantes à l'égard de la communauté arabe ou autre communauté non-juive». De telles déclarations «sont contraires à l'esprit de coexistence pacifique et constructive entre les différentes communautés qui composent notre société». relève l'AOCTS dans un communiqué publié le 12 décembre. Parmi eux, Itamar Ben-Gvir, leader du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit ("Force juive"), connu pour sa rhétorique anti-arabe et souvent accusé d'alimenter délibérément le conflit avec les Palestiniens.
Manque de sécurité au sein de la communauté arabe en Israël
En outre, les dirigeants catholiques de Terre Sainte se disent préoccupés par la violence et le manque de sécurité au sein de la communauté arabe d'Israël, par le vide juridique dans lequel se trouvent de nombreux travailleurs étrangers et demandeurs d'asile membres de l'Église, et par l'affaiblissement du système éducatif, tant dans l'environnement juif qu'arabe. À cet égard, ils déplorent les récentes coupes dans le financement gouvernemental des écoles chrétiennes, qui mettent en péril leur survie même.
L'Assemblée des ordinaires catholiques de Terre Sainte se concentre ensuite sur la situation en Palestine et dans les territoires occupés, notant que cette année a vu «le nombre de morts palestiniens le plus élevé depuis plus de 20 ans», et que «l'espace vital disponible pour la population palestinienne continue de se réduire», en raison de la croissance soutenue des colonies israéliennes. «Nous assistons également à des attaques contre la population juive» précise encore le communiqué, tout en critiquant l'arrestation et la détention récentes de plusieurs mineurs palestiniens, notamment à Jérusalem-Est.
Pas de véritable processus de paix fondé sur le droit international
Selon les dirigeants catholiques, l'absence d'un véritable processus de paix fondé sur le droit international entraînera davantage de souffrances et de violence en raison de la «profonde méfiance et peut-être même de la haine qui s'enracine dans le cœur des deux populations : Israéliens et Palestiniens».
Retour des pèlerins en Terre Sainte
Sur une note plus positive, l'AOCTS se félicite du retour des pèlerins en Terre Sainte, notant que «l'afflux de pèlerins n'apporte pas seulement la prospérité matérielle mais aussi une plus grande sensibilisation et attention à la Terre Sainte et nous fait sentir que nous ne sommes pas oubliés». L'Assemblée des ordinaires catholiques reconnaît également le travail positif des groupes et des individus qui œuvrent pour «l'amitié et la solidarité». Les religieux catholiques gardent l'espoir et la conviction «qu'il y a (...) ceux qui veulent encore réagir aux tentations toujours plus fortes de fermeture et de refus du dialogue et de la rencontre par des initiatives de rencontre et de solidarité ouvertes à tous», peut-on lire encore dans leur communiqué. L'Assemblée appelle donc tout particulièrement les responsables religieux et politiques à «favoriser le respect mutuel et non la division ou les sentiments de haine».
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